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Neuville-sur-Vanne (jumelage avec Pointe-aux-Trembles)

À  quelques kilomètres de Troyes,  un petit village en retrait de la grand-route vit tout entier à l'heure canadienne, comme en témoignent les noms des rues; Ville-Marie, Montréal, Pointe-aux-Trembles, rue des Erables et, surtout, place Paul Chomedey et l’existence d’un « parc Neuville sur Vanne » sur la rive nord du Saint-Laurent à Montréal.

Chaque année, des touristes canadiens toujours plus nombreux découvrent ou retrouvent ce petit coin de Champagne qui évoque une magnifique page de leur histoire. Car,  c'est ici qu'est né, en février 1612, Paul de Chomedey de Maisonneuve, le fondateur de Montréal,  personnage quasi légendaire,  dont la silhouette d'éternel jeune homme vertueux et romanesque a franchi la barrière ennuyeuse de nos livres scolaires.

A Neuville-sur-Vanne, on a conservé pieusement tous les souvenirs du grand homme : sur la façade de la mairie une plaque en sa mémoire a été apposée; dans l'église où  il a été baptisé le 15 février 1612, une plaque commémore l'événement et rappelle que les lieux sont restés tels qu'il les a connus. Un peu plus loin, un monument érigé en 1974,  le représente en compagnie de Jeanne Mance. Sa maison natale, dont il ne subsiste qu’un pigeonnier, est signalée par une plaque (rue du château).

maison de Paul de Chomedey de Maisonneuve

maison de Paul de Chomedey de Maisonneuve

La famille Chomedey, de tradition dans l'administration royale,  a été   récemment anoblie. Plusieurs de ses membres se vouent à l'apostolat. Louise entre à  la congrégation de Notre-Dame de Troyes, tandis que Paul, après la lecture d'une Relation des Jésuites du Canada, ne rêve plus que de se rendre utile dans ce pays qui manque d'hommes. Il rencontre le père Lalemant, directeur de la mission jésuite canadienne. Ce dernier pense immédiatement à lui pour accomplir l'oeuvre dont Jérôme Le Royer de La Dauversière a, peu à  peu,  dressé les plans à La Flèche : la fondation d'une ville missionnaire dans l'île de Montréal. Paul se déclare prêt à consacrer son temps et sa fortune à la réalisation du grand projet. Le Royer de La Dauversière, conquis par tant d'enthousiasme, lui confie alors la direction absolue de sa fondation. Et c'est le grand départ en mai 1641.

Dès son arrivée, Paul de Chomedey de Maisonneuve va devoir affronter de multiples problèmes : à l'hostilité des Québécois,  s'ajoutent la rigueur du climat et la menace des attaques iroquoises. Avec un calme résolu, le jeune homme vient, petit à petit,  à  bout des difficultés. Ville-Marie, fondée en 1642, grandit rapidement, fortifiée et organisée par ses soins.  Mais la menace iroquoise est de plus en plus pressante et il faut des renforts à tout prix. La situation financière de la ville est également catastrophique. Paul de Chomedey de Maisonneuve va donc passer une partie de son temps entre la France et le Canada pour obtenir des secours, des fonds et des renforts.

Secondé  activement par Jeanne Mance,  qui bénéficie de hautes protections, Chomedey obtient l'envoi de trois recrues en1653, 1659 et 1663. Ce sont des femmes à marier, des artisans et des agriculteurs recrutés par Jérôme Le Royer de La Dauversière et Jeanne Mance pour venir gonfler les rangs de la population et lui permettre de résister aux Iroquois. Surplace, Paul de Chomedey de Maisonneuve veille à l'installation et à la protection de tous. Il crée la milice de la Sainte-Famille, composée des chefs de famille de Ville-Marie, afin de prévenir toute attaque surprise des Amérindiens. Toute la vie de la petite ville est organisée d'une façon rationnelle et quasi-militaire par l'ex- officier qui ne voit pas d'autre moyen d'en assurer la sécurité.

Paul de Chomedey de Maisonneuve règle avec impartialité les différends entre colons,  et son caractère ferme et équitable laisse un souvenir impérissable à Montréal. Il ne délaisse pas pour autant l'éducation des enfants, puisqu'il revient de l'un de ses voyages en France avec Marguerite Bourgeoys, de la congrégation de Notre-Dame de Troyes.  La jeune enseignante vient en aide à Jeanne Mance et met en place les bases du système scolaire canadien.

Lorsque Louis XIV reprend en main le Canada en 1663, Chomedey de Maisonneuve est prié  de regagner la France,  à  la grande indignation des habitants de Montréal. Il meurt à Paris, onze ans plus tard, laissant un souvenir à jamais lié  aux débuts héroïques de Montréal.

Un comité Chomedey de Maisonneuve a été créé à Neuville en 1966. Il joue un rôle actif dans les relations entre le petit village de l’Aube et Montréal.  Neuville est par ailleurs jumelé avec Pointe-aux-Trembles depuis 1974, et abrite depuis 1997le centre culturel Maisonneuve où se réunit régulièrement le comité Chomedey de Maisonneuve.

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Troyes

Troyes est l'ancienne capitale de la Champagne.  Duché indépendant jusqu'au xiiième siècle, elle doit à ses derniers ducs la plupart de ses églises, une partie de ses hôpitaux et de ses fondations religieuses. Troyes est l'une des villes de France qui compte le plus de couvents.

Il n'est donc pas étonnant que Marguerite Bourgeoys (dont une rue, une école et un collège de Troyes portent le nom), issue d'une bonne famille catholique, se soit tournée très tôt vers la vie religieuse. Son père, marchand chandelier, habitait le quartier commerçant de la paroisse Saint-Jean-au-Marché,  où Marguerite   fut   baptisée en 1620.  Une plaque commémore l'événement sur la façade de l'église Saint-Jean. Celle-ci n'a guère   changé  depuis lors et ses fonts baptismaux, près desquels une statue de Marguerite Bourgeoys a été élevée,  sont d'origine. En partie Renaissance, en partie gothique,  l’église Saint-Jean contient de beaux exemples de la statuaire troyenne. Marguerite Bourgeoys a d’abord voulu se retirer chez les Carmélites. Malgré leur refus,  Marguerite est bien décidée à persévérer dans sa vocation religieuse. Elle devient préfète de la congrégation enseignante de Notre-Dame, établie à Troyes depuis 1628.  Là, elle perfectionne ses qualités d'éducatrice, et fait la connaissance de Paul de Chomedey de Maisonneuve, frère de la supérieure, Louise de Chomedey de Maisonneuve.

Paul de Chomedey de Maisonneuve, qui avait fondé  Ville-Marie quelques années plus tôt, en 1642, était venu enFrance chercher des renforts pour sa nouvelle fondation, ainsi qu'une personne pour assurer l'éducation des enfants. Il repart le 20 juillet 1653, accompagné de Marguerite Bourgeoys et d'une centaine d'artisans et de soldats. Vingt ans plus tard, Marguerite Rousselot quittait, à son tour saChampagne natale pour le Canada où elle prit mari (Charles Fribault) en 1673 à Sainte-Famille, Ile d'Orléans.

Ville-Marie passe alors par une période critique.  La petite ville a bien du mal à survivre sous la menace continuelle des attaques iroquoises. Très vite, Marguerite   trouve sa place auprès de Jeanne Mance qu'elle seconde avec compétence,  efficacité et courage. Elle aide les familles en difficulté, s'occupe des enfants des nouveaux ménages, crée et développe une école, forme des institutrices. Elle n'hésite pas à  traverser trois fois l'Atlantique pour faite reconnaître sa fondation officiellement, chercher des compagnes et trouver des appuis financiers.

Pendant plus d'un demi-siècle, elle va veiller à la croissance matérielle et à la vie spirituelle de sa fondation.

Sous le nom de Congrégation de Notre-Dame, celle-ci a compté, depuis, plusieurs milliers de religieuses enseignantes dans plus de deux cents établissements disséminés à travers le monde.  Marguerite Bourgeoys a été canonisée en 1982. Un Centre Marguerite Bourgeoys a été inauguré la même année à Troyes pour mieux faire connaître, dans la ville où elle est née, sa prodigieuse activité et son inlassable dévouement. Une plaque signale sur la façade de l’hôtel du Chaudron (rue Chrétien de Troye) l’emplacement du couvent où  vécut Marguerite Bourgeoys avant son départ au Canada (de 1644 à 1653).

CÔTE-D'OR
Arnay-le-Duc

Cette petit ville bourguignonne, avec ses toits pointus, est le berceau de la famille Raudot, qui a donné au Canada l'un de ses plus grands intendants:  Antoine-Denis Raudot de Coudray, arrière-petit-fils de Jean Talon.

La place de la Mairie et ses maisons médiévales, l'église Saint-Laurent, qui date des xiiième - xvième siècles, et la tour,  seul vestige du château détruit pendant les guerres de Religion, évoquent parfaitement le passé de la ville.

La famille Raudot, depuis longtemps mêlée à l'administration publique, prend son essor lors du mariage du grand-père d’Antoine-Denis, Jean Raudot, avec la fille de Jean Talon, ce qui vaut aux membres de la famille Raudot des postes importants à la cour et dans l'administration coloniale. Ainsi, Jacques Raudot est nommé intendant de la Nouvelle-France en 1705 avec, pour suppléant, son fils, Antoine-Denis, administrateur de réel talent.

Antoine-Denis préconise des débouchés commerciaux pour la colonie en dehors de la France et la diversification du commerce (bois et poisson). Il s'intéresse en outre aux Amérindiens et, contrairement à ses contemporains,  voue une grande admiration aux Iroquois, laissant entendre que les guerres incessantes entre la nation iroquoise et les Français seraient avant tout dues au comportement malhonnête d'un certain nombre de ces derniers.

Le marquis de Vaudreuil, alors gouverneur, n'apprécie pas du tout cette prise de position, et c'est à la suite de ce différend qu'un des plus clair voyants administrateurs du Canada revient en France où il va poursuivre une carrière très brillante.

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Châtillon-sur-Seine

La Seine, qui prend sa source à quelques kilomètres de là, est un fleuve encore très chétif à l'entrée de Châtillon-sur-Seine; mais elle y reçoit les eaux abondantes de la Douix qui viennent ici grossir son cours.

Le centre de la ville a été détruit pendant la guerre, mais la ville haute que domine le beffroi de l'église Saint-

Vor les a gardé tout son caractère. C'est dans cette église qu'ont été baptisés les deux Châtillonnais qui se sont rendus au Canada à la fin du xviième siècle. Le   premier, Pierre Godin, dit Châtillon, compagnon charpentier, s'engage à La Flèche en 1653 pour servir à Ville- Marie (Montréal) pendant cinq ans. Il s'y marie en 1654 et a de nombreux enfants. Mais sa vie se termine de façon tragique, puisqu'il est tué vers 1685 ou 86 par les Iroquois.

Le deuxième, Robert Groston, dit Saint-Ange, sergent de la compagnie de Noyan, continue sa carrière militaire au Canada après son mariage.  Il participe à la construction du fort Orléans et mène une campagne victorieuse contre les Renards aux alentours du fort Chartres. Il est nommé capitaine en 1738 et meurt en 1740.

Non loin de Châtillon sur Seine, le Musée des Canadiens Nord-Bourguignons de Sainte-Colombe sur Seine mérite un détour, et intéressera tout particulièrement les descendants de forgerons bourguignons. En effet, ce musée, inauguré le 21 juillet 1985 est consacré aux Nords Bourguignons partis en Nouvelle France aux xviième et xviiième siècles. Dans le couloir du musée, vous trouverez une liste (non-exhaustive) des Nord-Bourguignons partis en Nouvelle-France. Vous pourrez aussi découvrir l’histoire du Père Chaumonot, né à Sainte-Colombe en 1611, et parti au Canada évangéliser les Hurons en 1639.

Ce musée évoque également Paul de Chomedey de Maisonneuve et la  grande recrue, ainsi que l’histoire de Pierre Godin dit Châtillon cité ci-dessus, et de ses descendants. L’un d’eux, Gabriel Godin, dit Bellefontaine, comptait parmi les premiers habitants de Fredericton (actuelle capitale du Nouveau-Brunswick). Il est l’ancêtre des Bellefontaine d’Acadie. Ses huit fils ont contribué à répandre les noms suivants : Godin, Bellefontaine, Boisjoli, Bellefeuille, Lincour, Valvour, Beauséjour et Préville.

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Cîteaux

Le père du premier botaniste canadien, Michel Sarrazin, était régisseur des terres de l'abbaye de Cîteaux.  À  son époque, l'abbaye connaissait, grâce à ses nombreux vignobles, une richesse considérable, tandis que sa règle et sa ferveur spirituelle s'affaiblissaient peu à peu.

Aujourd'hui, les bâtiments du couvent, reconstruit sa près la Révolution, ne représentent que peu d'intérêt en dehors de la bibliothèque du xvème siècle et du cloître des copistes, malheureusement interdits au public. Ils abritent une communauté religieuse active et vivante. Elle a su retrouver la simplicité et la rigueur des premiers temps de l'ordre, tout en s'adaptant aux progrès de la vie moderne et à la mécanisation en particulier. Au contact de ces moines simples et accueillants,  n'est-ce pas un retour vers les vraies valeurs qui nous est proposé ?

Outre des traditions artisanales et artistiques,  telles que la reliure, l'enluminure, la confection de fromage et de miel,  ces hommes font également revivre durant leurs offices ces magnifiques périodes du chant grégorien, qui ont été pendant tout le Moyen Âge l'expression même de la prière.

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Dampierre-et-Flée

Dampierre-et-Flée, avec son église gothique et ses fermes regroupées en bourg, est la patrie de Jacques Simonet, directeur des Forges du Saint-Maurice, à Trois-Rivières, qui recruta une cinquantaine de forgerons dans la région de Dijon.

Jacques Simonet dit de l’Abergemont était arrivé en 1736 au Canada à la demande des associés des Forges du Saint-Maurice qui désiraient utiliser les procédés de fabrication français.  Tenté par l'aventure, Jacques Simonet n'avait pourtant pas quitté son pays sans garanties solides et un salaire suffisant pour compenser l'abandon de sa forge.

Surplace,  les perspectives sont brillantes:  Jacques Simonet et son associé Pierre-François Olivier de Vezin, maître forgeron de Champagne, se mettent aussitôt au travail. On trace les plans de la forge. On choisit l'emplacement du fourneau et de la chaufferie,  mais la main-d'oeuvre compétente manque.  Simonet doit bientôt regagner ses plateaux bourguignons pour recruter dans cette région riche en minerais,  donc en forges,  des ouvriers qualifiés pour le Canada. Alléchés par les salaires intéressants,  cinquante personnes répondent à  l'appel.  Elles s'embarquent, à l'été 1737, sur le navire LeJason  et vont contribuer à créer la première industrie lourde établie au Canada.

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Darcey 

Darcey ne conserve pas beaucoup de souvenirs de son passé. Seules quelques belles croix médiévales à  la croisée des chemins et une église au clocher penché évoquent le Darcey de Nicolas Perrot. C'est ici que le célèbre interprète canadien est né (vers 1644) et a passé son enfance et sa jeunesse, avant de s'embarquer pour le Canada,  à  l'âge de dix-sept ans, comme donné des Jésuites en 1660.

En   travaillant avec les missionnaires,  il apprend parfaitement les dialectes des tribus amérindiennes et se livre, pendant plusieurs années, au trafic des fourrures.  Jean Talon le recrute alors pour servir d'interprète au cours de différents voyages d'exploration (lac Huron, lac Supérieur). Les gouverneurs, connaissant son influence auprès desAmérindiens qui l'ont surnommé "l'homme aux jambes de fer ",  lui confient alors des missions diplomatiques auprès des tribus frontalières.

Nommé  commandeur de la Baie des Puants, il parvient,  par sa seule réputation, à faire régner la paix entre des tribus amérindiennes opposées et à obtenir leur alliance contre les Iroquois.  À son retour, il écrit son Mémoire sur les moeurs, coutumes et religions des Sauvages de l'Amérique septentrionale, document exceptionnel sur les Amérindiens de son époque.  Ilmeurten 1717 à Bécancour (où il est enterré), à l'âge de soixante-quatorzeans, laissant onze enfants.

En 1756, un second Perrot, Pierre, se lance sur les traces de son arrière-grand-oncle. Originaire, lui aussi, de Darcey, il se fixe au Canada en 1763, après avoir servi durant la guerre franco-anglaise dans les rangs du régiment de Berry.

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Dijon

Nous abordons ici une ville toute chargée d'histoire : l'ancienne capitale des ducs de Bourgogne. Pendant longtemps, cette ville a symbolisé la rivalité entre la couronne de France et   laBourgogne,  rivalité  si vive que les Bourguignons n'hésitèrent pas à faire alliance avec les Anglais durant la guerre de Cent-Ans et à leur livrer Jeanne d'Arc en 1430. Louis XI, après la mort (en 1477) de Charles le Téméraire, dernier duc de Bourgogne, réunit le duché à la France.

Une rue des vieux quartiers

Une rue des vieux quartiers

 À  travers la ville, souvenirs de ce passé glorieux,  les hôtels et les églises se succèdent, alternant leurs toits vernissés à  la mode de Bourgogne. Maintes rues perpétuent à travers leurs noms le souvenir des vieux métiers traditionnels, comme la rue des Forges, derrière le palais desDucs,  jadis toute résonnante d'enclume. Tous les forgerons dijonnais qui sont partis au Canada y ont fait leurs classes.

La carrière canadienne de Dijon est fort ancienne.  Dès 1636, une douzaine de laboureurs dijonnais sont engagés pour le Port de la Hève en Acadie, à la demande de Claude de Rasilly.  Ils s'embarquent à La Rochelle sur le Saint-Jehan. Leur rôle a été primordial puisque, même si leurs noms ne se sont pas perpétués, ils ont été parmi les premiers à défricher lesol acadien. Ce sont Nicolas Bayolle, Hilaire Bicau, Jehan Hyechtier, SimonMerlin, GeorgesMigot,  Jehan Périgaud. Quelquesannées plus tard, la grande recrue de La Flèche, en1653,  éveille l'intérêt d'un autre Dijonnais, René Bondy, compagnon charpentier. Il s'engage à servir pour cinq ans, mais on perd sa trace en 1655.

En1662,  Barthélémy Verreau dit le Bourguignon, originaire de la paroisse Saint-Jean, s'engage pour Ville-Marie où il laissera unebelle descendance.  S'il abandonne quelque temps son marteau de taillandier (forgeron) pour la bêche du défricheur ou le fusil du soldat,  nous le retrouvons bientôt notablement connu.  Son fils sera notaire à Château-Richer.

En 1694, un de ses compatriotes, Guy Pilet dit Paris s’installe à Québec et y prend femme (Louise Minet). François Michaud, et Denis Desnoyers également dijonnais de naissance, s’établissent aussi au Canada, le premier à  Charlesbourg, où il épouse Marie-Madeleine Pageot en 1747 et le second à Boucherville, où il épouse Françoise Rougeau en 1728.

La paroisse Saint-Jean, place Bossuet, avec son église de style gothique flamboyant reconvertie en théâtre en 1980, ses toits à forte pente et sa voûte lambrissée, a vu le baptême du maître tanneur, Robert Thibault ainsi que celui de François Michaud que l'on surnomma " Dijon " à Charlesbourg où il se maria en 1747 et fut l'ancêtre d'une longue lignée.

La paroisse Saint-Philibert dont l'église,  aujourd'hui fermée au public, a été construite au xiiième siècle, puis remaniée au xvème XVe, surveillait autrefois le riche quartier commerçant où sont nés Jean-Bernard de Reclaine, futur prêtre auCanada,  Denis Desnoyers,  colon à Boucherville, et Ursin Dutalme dit Chavaudreuil,  fils d'un marchand drapier.

Deux forgerons de la paroisse Notre-Dame ont également quitté  Dijon pour le Canada. Ce sont : Luc Imbleau, qui partit travailler aux Forges du Saint-Maurice,  et Nicolas Vernet, maître forgeron,  qui s'est fixé  à  Détroit.   Tous   deux emportaient certainement le souvenir de sonorités cristallines et gaies: celles de l'horloge à jacquemart qui, du haut de l'étonnante façade de leur église, rythme depuis des siècles la vie de Dijon.

Enfin,  durant les toutes dernières années du régime français au Canada,  deux soldats du régiment de Berry, originaires de Dijon, Léon Couteau et JacquesThibert,  sont allés se faire tuer aux côtés du marquis de Montcalm.           

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Duesme

Duesme est situé dans le creux d'un étroit vallon blotti entre deux coteaux boisés. Une rivière y serpente sous un vieux pont de pierre que l'on franchit pour gagner la petite église du xviième siècle, où ont été baptisés les huit Duesmois qui sont partis au Canada.

Dans ce minuscule village ramassé au pied de son château fort en ruine vivaient les trois familles de forgerons qui sont parties travailler aux Forges du Saint-Maurice. Pierre Martin, sa femme et leurs deux enfants, Pierre-François Michelin,  sa femme et leurs deux filles, et Antoine Petit ont répondu à l'appel de Jacques Simonet, maître de forges du Saint-Maurice. Ils se sont embarqués sur Le Jason en 1737,  avec une cinquantaine de leurs compatriotes, recrutés comme eux dans cette région des plateaux de la Bourgogne.  Ces plateaux s'étaient, grâce à leur richesse naturelle en minerais,  bois et eau courante, consacrés au travail du fer depuis la fin du Moyen Âge.  Cette activité, qui a connu un grand développement aux viiième siècle, disparaîtra complètement au moment de la révolution industrielle, au profit des grands centres voisins de Montceau-les-Mines et du Creusot.

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Nesle-et-Massoult

Deux villages unis dans une même commune : c'est la patrie du forgeron Jean Mainten et dont le nom s'est déformé  en Montenet. Ce nom, que l'on peut encore lire sur le monument aux morts,  estcelui d'un fils de charbonnier qui s'engagea,  lui aussi,  pourle Canada en 1737. Employé aux Forges du Saint-Maurice,  il se marie à Bécancour en 1739 et laisse une nombreuse descendance par ses huit enfants.

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Nuits-Saint-Georges (anciennement Nuits-sous-Beaune)

Deux médecins se sont donnés le mot pour nous inviter à Nuits-Saint-Georges !

Le premier rend Nuits-Saint-Georges célèbre en conseillant à  Louis XIV de prendre à chaque repas,  comme fortifiant, quelques verres de vin de Nuits. Naturellement, toute la cour en fait autant et applaudit à ce nouveau médicament qui fait si bien rosir les joues.

Le second, Michel Sarrazin, naît tout simplement à  Nuits un beau jour de 1659, pour devenir le premier botaniste- zoologiste du Canada et l'un des plus grands chirurgiens de son temps.

Probablement baptisé  à l'église Saint-Symphorien (xiiième siècle), Michel Sarrazin vient très jeune en Nouvelle-France où il exerce pendant plus de dix ans le métier de chirurgien de la Marine. En 1693, il rentre en France pour finir ses études.  Il y reste trois ans et rencontre Tournefort qui lui communique son enthousiasme pour la botanique.

Dès son retour au Canada, il consacre tout son temps libre à  sa nouvelle passion et entreprend, dans son Catalogue des PlantesCanadiennes,  le recensement de toutes les plantes de la colonie. Ses correspondants français sont tour à  tour les plus grands noms de la botanique du xviiième siècle (Tournefort, Vaillant,  Jussieu) et de la zoologie (Réaumur). On trouve les spécimens qu'il a envoyés du Canada dans les musées d'histoire naturelle de Paris et d'Oxford.

Du point de vue médical, seul médecin en titre de la Nouvelle-France,  son rôle est primordial, notamment lors des épidémies qui ravagent fréquemment la colonie et qui auront finalement raison de lui en 1734.

Marié tardivement, MichelSarrazin ne laisse de descendance que par l'une de ses filles, alliée à  la famille Gaultier de Varennes.

C'est le long des rues de Nuits-Saint-Georges que l'on évoquera le mieux le souvenir de cet homme méticuleux,  acharné et patient, qui ne reçut jamais aucune récompense officielle de son vivant.  Au coeur de la rue commerçante, le beffroi règle, aujourd'hui encore, la vie des habitants, comme il ponctuait autrefois celle du jeune Michel Sarrazin.

Mais on ne peut, bien sûr, quitter Nuits sans goûter à  sa "divine médecine" : le vin de Nuits que l'on peut déguster à loisir dans les caves environnantes. Il ne faut cependant pas oublier que Nuits-Saint-Georges est le coeur d'un canton dont chaque village porte le nom d'un grand cru.  Alors partez à l'aventure vers ces appellations sonores : Vougeot,  Fuissé Corgoloin,  Vosne-Romanée ou Gevrey-Chambertin.  Et si vous pouvez choisir vos vacances,  songez que l'apogée de cette région prometteuse, c'est lorsque l'or des toits répond à celui des feuillages et des grappes : la saison des vendanges !  Un mois plus tard,  début novembre, une autre festivité  séduira les fervents du bourgogne : on vend et on goûte la production de l'année durant les trois journées mémorables des "Trois glorieuses".

A Nuits-Saints-Georges, le domaine viticole Michel Sarrazin, fondé au xviième siècle, existe encore.

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Rochefort-sur-Brévon

Le décorde Rochefort-sur-Brévon est assez plaisant : entre deux coteaux boisés,  le Brévon, petit cours d'eau primesautier, s'est façonné une vallée à sa mesure. Au pied du vieux château, le Brévon, d'abord élargi en étang artificiel, se divise en deux ruisseaux rapides, aujourd'hui paradis des pêcheurs de truite,  mais qui ont durant tout le xviiième siècle assuré  le fonctionnement de l'unique industrie du pays : les forges.

À  Rochefort-sur-Brévon, il y a encore deux forges exceptionnellement bien conservées dans leur état originel du xviiième siècle.  La première,  après la retenue d'un étang artificiel,  dresse sa haute cheminée conique en contrebas du pont.  L'eau sous pression, autrefois libérée par la vanne que l'on voit à droite de la forge,  actionnait la grosse roue dont la structure déchiquetée subsiste toujours. À l'intérieur des bâtiments, désaffectés, les instruments ont disparu, maison distingue encore la chaufferie au pied de la haute cheminée.

À  la sortie de Rochefort-sur-Brévon, après une autre retenue,  la deuxième forge, construite sur le même modèle que la première, a été réutilisée au xixème siècle pour faire fonctionner un générateur électrique.

Le minerai et le bois prélevés sur le coteau voisin fournissaient une matière première d'accès facile et la rapidité du Brévon, une bonne force motrice. Ceci explique la concentration particulière des forges à  cet endroit de la vallée, suffisamment large pour permettre des retenues d'eau.

Il n'est donc pas étonnant que quatre des forgerons recrutés en 1737 par Jacques Simonet pour les Forges duSaint-Maurice, et leur famille soient venus de ce village. Tousles quatre sont d'ailleurs plus ou moins parents : François Godard vient avec sa femme et ses quatre enfants ; il est accompagné parson frère, Charles Godard et la femme de celui-ci ; Michel Chaillé, qui a épousé la fille de François Godard, est aussi du voyage avec sa soeur, le mari de cette dernière, Pierre Martin, et leurs deux enfants.

François Godard devient maître marteleur aux forges du Saint-Maurice. Il a une nombreuse descendance par ses deux fils. Charles Godard, lui, n'a pas eu d'enfants.

Michel Chaillé exerce le métier de chauffeur,  puis de marteleur. Il a sept enfants qui perpétuent son nom au Canada.

Pierre Martin est, lui aussi, employé auxForges;  il vivra centenaire entouré de nombreux petits-enfants que lui ont donnés ses deux garçons.

C'est au total,  quatorze personnes qui ont quitté Rochefort-sur-Brévon. Si nous n'y voyons plus aujourd'hui que les vestiges d'une activité qui faisait vivre tout le pays autrefois, il est en tout cas certains que les quatre forgerons du Saint-Maurice ont appris leur métier sous les hauts-fourneaux des vieilles forges de Rochefort-sur-Brévon.

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Saint-Seine-sur-Vingeanne

À travers les doux vallonnements boisés du Dijonnais, nous gagnons Saint-Seine-sur-Vingeanne,  patrie des deux cousins Dautel qui ont suivi Jacques Simonet au Canada en 1737.  Tous deux ont été  baptisés dans l'église du village,  proche du château.  Bâti au bord de la rivière,  ce château est très composite : les murs de fortification et les tours d'angle datent du xvième, alors qu'un corps de bâtiment, plus tardif, avec ses toits mansardés de tuiles brunes, est du xviième siècle.

Les maisons du village ont un appareillage de pierres rectangulaires. Jean Dautel, qui est né ici en 1716,  adonné une belle postérité canadienne à son nom. Il travaillait comme chauffeur aux Forges du Saint-Maurice et épousa une des filles de François Godard, forgeron lui aussi, venu de Rochefort-sur-Brévon,  à  quelques kilomètres de là. Cette petite famille bourguignonne aura neuf enfants au Canada.

CÔTE-D'OR
Til-Châtel

le Christ en Majesté de l'église Saint-Florent

le Christ en Majesté de l'église Saint-Florent

Jean-BaptisteDelorme, dits Deslauriers, est fondeur au fourneau de Til-Châtel, comme son père l'a été avant lui et cela depuis 1721. Il a été baptisé à l'église Saint-Florent, l'une des plus remarquables petites églises romanes du xiième siècle de la Côte-d'Or. Son beau portail représente le " Christ enMajesté " et c'est, dit-on, sur la pierre de son autel que saint Florent fut décapité.

En ce début du xviiième siècle, il est difficile pour un jeune artisan de devenir maître dans sa profession.  D'abord, parce que les places sont sévèrement réglementées;  ensuite parce que  la hiérarchie qui permet d'arriver à ce stade est longue et le parcours semé d'épreuves.  C'est pourquoi les Forges du Saint-Maurice au Canada ont suscité tant d'intérêt chez bon nombre d'ouvriers, en leur permettant, dans la mesure de leur qualification, d'accéder rapidement au grade de maître artisan dans leur profession. Ainsi, Jean-Baptiste Delorme, dit Deslauriers,  deviendra maître fondeur aux Forges du Saint-Maurice,  promotion dans son métier qu'à valeur égale il n'aurait peut-être jamais obtenue en France.  D'abord installé à Trois-Rivières, puis à Batiscan,  marié deux fois,  maître Jean-Baptiste Delorme pourra alors élever vaillamment une famille de treize enfants.

CÔTE-D'OR
Vaux-Saules 

Après Saint-Seine-l'Abbaye, nous grimpons sur le premier plateau du Châtillonnais : Vaux-Saules est à flanc de coteau, une succession de vieilles fermes à toits de lauzes (pierres plates)   moussues,   où règne encore   une   activité   très campagnarde.

Ici,  hors de tous les grands axes routiers,  la vie s'écoule au ralenti. Si lentement même que des souvenirs très anciens subsistent encore dans les plus vieilles maisons du village. Ainsi, certains vieillards vous raconteront l'histoire de Louis Tourtocheaux qui est parti, il y a bien longtemps, faire fortune au Canada.

Au cimetière, une vingtaine de tombes portent le nom de Tortochot (au Canada, le nom s'est déformé en Tertochau et Trotochau)  et attestent l'importance d'une famille qui n'est plus aujourd'hui représentée que dans le petit bourg voisin de Cheneroilles.

Louis Tourtocheaux était un ouvrier forgeron qui travaillait aux forges de Francheville, non loin de Vaux,  au début du xviiième siècle, lorsqu'il apprit qu'un de   ses   anciens compatriote recrutait des ouvriers pour les forges qu'il était en   train   de   monter au Canada.  Les salaires étaient intéressants,  les possibilités de devenir maître dans la profession beaucoup plus grandes qu'en   France.   Louis Tourtocheaux se laissa assez vite convaincre   par ces propositions inespérées : il s'embarqua sur le navire Le Jason en 1737 avec sa femme et ses trois enfants.

À  Trois-Rivières, après des débuts assez durs, les Forges duSaint-Maurice ne vont plus cesser de se développer jusqu'au milieu du  xixème siècle.

Louis,  qui s'est installé  à Trois-Rivières avec sa famille, va bénéficier de cette conjoncture. Il n'aura plus comme en France la menace perpétuelle du chômage et de la famine.

HAUTE-MARNE
Langres

Peu fréquenté par les touristes, Langres a pourtant une situation magnifique: perché  sur un éperon rocheux qui surplombe le plateau, sa ceinture de remparts lui donne de loin une allure médiévale. Du Langres de Jeanne Mance,  c'est en somme la perspective la plus juste, puisqu'il ne reste plus en ville que quelques maisons antérieures au xviiième siècle,  et l'église Saint-Martin, à peu près intactes.

La cathédrale Saint-Mammès, malgré sa façade lourdement refaite au XVIIIe siècle, n'a pas non plus beaucoup changé intérieurement depuis l'époque où Jeanne venait chaque jour prier devant la statue de Notre-Dame la Blanche (xivème siècle) dans la chapelle absidiale située juste derrière le choeur. Devant la cathédrale, place Jeanne Mance, une statue de Jeanne Mance (du sculpteur Jean Cardot), inaugurée en 1968,  a été érigée sur l'emplacement de l'église Saint-Pierre-Saint-Paul où elle a été  baptisée. (Son acte de baptême est conservé à l’Hôtel de Ville).

Jeanne Mance,  comme Marie Guyart dite de l'Incarnation,  ne s'est intéressée au Canada qu'à l'âge de trente-cinq ans,  c'est-à-dire en 1640. Elle a longtemps vécu dans sa ville natale,  dans le quartier Longe-Porte, élevant ses frères et soeurs. Plus tard, après avoir suivi des cours d'infirmière chez les Ursulines de la rue de la Tournelle - on peut encore voir les ruines de ce couvent   -   elle   se   consacre   au   soin   des   malades, particulièrement durant la grande peste de 1632 à 1635. C'est à l'occasion de cette épidémie qu'elle fait son apprentissage et qu'elle développe des qualités   de   coeur,   amasse des connaissances et se forge une endurance à toute épreuve qui lui seront si utiles au Canada.

Comme la plupart des hommes et des femmes de son époque qui ont consacré leur vie à la mission canadienne, c'est par hasard que Jeanne apprend l'existence de cette mission.  Elle rencontre chez  des cousins le chapelain de la Sainte-Chapelle de Paris,  neveu de la duchesse d'Aiguillon, qui a tant fait pourQuébec.  Pour Jeanne, c'est une révélation.  Elle doit partir elle aussi.  Enthousiasmée,  elle se rend à Paris. Hébergée par la soeur du chapelain, elle contacte Jésuites et Ursulines, se fait connaître et finit par rencontrer toutes les personnalités qui s'intéressent au Canada jusqu'à la reine Anne d'Autriche.

statue de Jeanne Mance

statue de Jeanne Mance

C'est alors qu'un personnage providentiel va entrer dans la vie de Jeanne Mance. Elle est introduite auprès de Madame de Bullion, veuve d'un surintendant des finances de Louis XIII, qui alimente discrètement les fonds de plus d'une œuvre généreuse.  Favorablement impressionnée par Jeanne,  Mme de Bullion lui propose son soutien financier pour fonder un hôpital sur le modèle de l'Hôtel-Dieu de Québec, dans l'île de Montréal.

Jeanne Mance fait donc partie du voyage de 1641 : elle est la première Française à fouler le sol de l'île de Montréal. Elle assiste à la fondation de Ville-Marie. Dès lors, toute sa vie va être liée au sort de la petite cité. À elle seule, elle joue le rôle d'économe, d'infirmière,  de conseillère pour Paul de Chomedey de Maisonneuve, le fondateur de Ville-Marie,  et de soutien auprès d'une population qui va en s'accroissant malgré les attaques constantes des Iroquois.

En1658, infirme à la suite d'une chute, elle revient en France chercher du secours pour son hôpital et ramène les trois premières infirmièresHospitalières de Saint-Joseph,  formée dans ce but par Jérôme Le Royer de La Dauversière, à La Flèche.  Elle fait encore plus d'une fois le voyage lorsque Ville-Marie se trouve en péril. Son intervention sauve à plusieurs reprises la petite ville de la faillite, permettant à Paul de Chomedey de Maisonneuve d'obtenir des secours contre les Iroquois, notamment en 1663.

Mais Jeanne n'aura plus à s'occuper des affaires publiques carLouisXIV,  ayant assimilé  le Canada à  une province française,  la sécurité est prise en main par le gouverneur et l'armée. Elle peut désormais se consacrer à ses malades et à la formation de nouvelles infirmières. Et, déjà, l'on évoque avec admiration le courage et l'endurance de cette pionnière,  femme de  tête et femme d'affaires, qui soutenait de son intelligence pratique et presque maternelle les premiers pas de Ville-Marie.

MARNE
Châlons-en-Champagne

La ville de Châlons-en-Champagne a été restructurée après la seconde guerre mondiale, suivant un plan nouveau, plus spacieux et plus aéré. Une partie des édifices de l'ancienne cité a pourtant été  préservée et, particulièrement, la cathédrale Saint-Étienne et la collégiale Notre-Dame-en-Vaux, à côté de laquelle on a récemment dégagé, après des fouilles de plus de dix années,  les restes d'un cloître médiéval orné de remarquables sculptures. Ilnefaut pas manquer de visiter ce cloître dont la reconstitution est le fruit d'un travail minutieux et acharné. Elle a nécessité  le sondage des murs et des sols de toutes les maisons d'alentour, car les pierres du cloître démoli à partir de 1760 avaient été réutilisées pour la construction des bâtiments voisins.

L'église Notre-Dame-en-Vaux est, de plus, fortement liée à l'histoire   canadienne.  JeanTalon,  le premier intendant canadien,  ya en effet été baptisé en 1626, puis enterré en 1695.  Sa tombe se trouvait dans la chapelle Sainte-Catherine. Sa pierre tombale a longtemps servi de dallage, mais relevée en 1935, elle est maintenant scellée dans le pilier droit de la tour nord. On peut y lire le nom de Jean Talon. Cette église contient également trois œuvres du seul peintre français du xviième siècle à être allé au Canada, Frère Luc, auteur d’un portrait de Jean Talon. Quatre autres œuvres de cet artiste sont conservées au Musée Municipal de Châlons.

Allié aux Phélypeaux de Pontchartrain, riche famille de ministres et de conseillers d'État,  Jean Talon entre   tout naturellement dans l'administration royale après des études chez les Jésuites. Chargé de plusieurs postes d'intendant,  il s'attire les éloges de Mazarin, puis de Colbert.  Ce dernier, cherchant un intendant pour la Nouvelle-France, le fait nommer en 1665.

La colonie subit, à cette époque, une crise très grave qu'il convient d'enrayer rapidement. Continuellement menacé par les attaques iroquoises,  le commerce des fourrures s'est considérablement ralenti et la vie économique est au point mort. De son côté, la Compagnie des Cent-Associés témoigne d'un zèle mitigé pour venir en aide à ce pays qui rapporte de moins en moins. Les coloniaux, quant à eux, lassés de l'inertie de la Compagnie et par l'autorité excessive des gouverneurs, demandent un changement.

Éclairé  par des rapports comme celui du jeune Pierre Boucher, le roi comprend la nécessité d'une restructuration et opère une réorganisation du statut de la colonie qui acquiert, comme toute province française, un gouverneur, un intendant et un conseil souverain chargé de la justice royale.

Sur l'initiative de Colbert, une nouvelle compagnie,  la Compagnie des Indes Occidentales, qui va apporter un nouvel essor à la colonie, prend en main les intérêts économiques de la Nouvelle-France.

Parallèlement, pour écarter le péril iroquois, des troupes du régiment de Carignan-Salières (1500 hommes) sont envoyées au Canada, la même année que Jean Talon.

La légende s'est emparée des multiples activités de Jean Talon durant son séjour au Canada qui ne couvre en réalité que deux périodes de deux et trois ans, de 1665 à 1668 et de 1670à 1672.

Statue de Jean Talon

Statue de Jean Talon

Il entreprend le peuplement systématique de laNouvelle- France, favorisant l'installation des soldats et faisant venir deFrance plus de 900 filles à marier, "les Filles du roi". Il réorganise l'exploitation de la colonie, de l'occupation des sols(il fait travailler des arpenteurs)  et encourage le développement du cheptel. Son but est que laNouvelle-France puisse bientôt se suffire à  elle-même pour les affaires courantes en exportant son excédent de bois, de fourrures et de poisson. Il s'intéresse particulièrement à l'exploitation de la forêt dans laquelle il voit, avec sagacité, une des grandes richesses de l'avenir et la base d'une construction navale locale. De même, afin de développer un savoir faire local, il fait venir de France des maîtres artisans pour chaque corps de métier qui initient les cultivateurs et les soldats à  leurs techniques, tandis que des agriculteurs plus âgés sont chargés de l'apprentissage des plus jeunes.

Ainsi, en quelques années, Talon a donné un nouvel influx vital à la colonie, s'attirant bien quelques inimitiés pour son autorité quelquefois excessive, mais dans l'ensemble,  aimé  et apprécié de ses contemporains.

 À  son départ,  la Nouvelle-France semble en bonne voie de prospérité   et chacun considère l'avenir avec optimisme. Malheureusement, cette période prospère sera de courte durée. Après avoir consacré les premières années de son règne à  la réorganisation de son royaume, Louis XIV se lance dans une série de guerres meurtrières qui vont vider le trésor royal aux dépens d'une colonie qui avait encore besoin d'aide économique et de soutien. Peu à peu, idéalisée par les Canadiens déçus, l'intendance de Jean Talon fera dès lors figure d’ âge d'or.

A Châlons-en-Champagne, on garde un souvenir très vif de Jean Talon. Une plaque signale sa maison natale, 17, rue du lycée. Le lycée de la ville porte son nom.  L’association, « Les Amis de Jean Talon », créée en 1993, a pour but de faire redécouvrir aux Châlonnais la vie et l’œuvre du grand intendant et de resserrer les liens de la ville avec le Canada. Cette association est à l’origine de la réalisation d’une belle statue moderne de Jean Talon par le sculpteur Juan Carlos Carillo, à l’occasion du 400ème anniversaire de l’implantation des Français au Canada en 2004. Enfin, Châlons-en- Champagne est jumelée avec Mirabel, au Québec.

MARNE
Reims

De nombreux visiteurs se rendent à  Reims chaque année autant peut-être pour admirer les qualités architecturales de la cathédrale Notre-Dame que pour goûter à  la vigueur pétillante d'un vin renommé  dans le  monde entier: le champagne !

Pour nous,  ce voyage a un troisième intérêt qui se conjugue tout naturellement aux deux premiers.  Dans les bâtiments de l'ancien collège des Jésuites, aujourd'hui transformé en musée (place Museux, à côté de l'église Saint- Maurice),  nous allons évoquer un personnage vigoureux et spirituel : la fameux père Marquette.

C'est, en effet, dans ce magnifique ensemble monumental du xviième siècle que Marquette a fait une partie de ses études, puis a enseigné durant cinq ans la grammaire (1659-1664).  On peut encore parcourir ces pièces où le père Marquette a vécu:  le réfectoire avec ses boiseries du xviième siècle où il prenait ses repas,  et la somptueuse bibliothèque, chef-d'oeuvre de l'art baroque, où il s'initiait à la géographie.

En1665,  il obtient la grande faveur qu'il sollicitait depuis   longtemps   : celle de partir au Canada comme missionnaire.  Arrivé à Québec en juin 1666,  il s'adapte immédiatement, apprend rapidement plusieurs langues indigènes et fonde la mission du Saint-Esprit sur le lac Supérieur.

À  cette image du parfait missionnaire s'ajoute bientôt celle de l'explorateur de génie. La remontée du Mississippi et la découverte de la rivière Chicago en compagnie de Louis Jolliet lui valent de son vivant une célébrité qui ne sera jamais démentie. Épuisé par ses voyages, il meurt en 1675, donnant son nom à une rivière, à plusieurs villes et à des rues innombrables.

Le récit de ses voyages a contribué très à  répandre la légende du missionnaire-explorateur enjoué et courageux,  qui parvint même à conquérir l'admiration des Amérindiens et des trappeurs.

C'est également dans l'ancien collège des Jésuites de Reims que Jean-Baptiste Colbert, futur Premier ministre de Louis XIV, fit ses études. Un tableau l'y représente agenouillé devant une statue de la Vierge, à l'âge de quinze ans. De son passage chez les Jésuites, Colbert a conservé un grand intérêt pour le Canada. C'est grâce à son intervention qu'à partir de 1663   la   Nouvelle-France prend le statut d'une province française sous la direction d'un gouverneur et d'un intendant. Il est également à l'origine de la fondation de la Compagnie des Indes Occidentales qui réglemente le commerce canadien au niveau de l'État.

Situé au pied du vignoble de la montagne de Reims, le bourg de Sillery est jumelé avec Sillery (Québec) en souvenir du village amérindien de Sillery fondé grâce une donation de l’aristocrate français Noël Brulart de Sillery. Dans ce village fondé  en 1637, les missionnaires jésuites, soucieux de pousser les Amérindiens nomades à se sédentariser, proposèrent une vie réglée selon les critères de l’Eglise catholique mais respectant les traditions amérindiennes comme par exemple le vêtement et l’habitat.

MARNE
Vitry-le-François

Vitry-le-François est une ancienne place forte militaire créée de toutes pièces par François Ier au début du xvième siècle pour défendre  une région alors proche de la frontière de l'Empire de Charles-Quint. De ce passé militaire, Vitry a gardé un découpage de rues en damier et un air de ville de garnison avec sa place d'Armes accolée à la cathédrale Notre-Dame.

La cathédrale est d'ailleurs le seul vestige de cette époque, car la ville, détruite par un bombardement au cours de la dernière guerre, a été entièrement reconstruite selon son plan d'origine.

Paul Le Jeune est né à Vitry en 1591. Supérieur de la mission jésuite de Québec, il a été  pendant de nombreuses années le rédacteur des célèbres Relations des Jésuites du Canada,  précieux documents sur les débuts de la colonie.

Paul Le Jeune, issu d'une famille calviniste, se convertit au catholicisme à l'âge de seize ans et entre chez les jésuites en 1613. Il fait son noviciat à Paris avant de poursuivre ses études de philosophie au collège de La Flèche. Là,  il subit l'influence du père Massé, qui, revenu depuis peu d’Acadie, communique son enthousiasme pour le Canada à ses jeunes disciples.  Parmiles condisciples de Paul Le Jeune,  Gabriel Lalemant,  Barthélémy Vimont, François Ragueneau et Jacques Buteux deviendront tous de grands missionnaires et de grands martyrs du Canada.

Sans en faire expressément la demande, Paul Le Jeune est désigné en 1632 pour la mission de Québec. Il va déployer là-bas une activité inlassable, s'attirant tout à  la fois la sympathie des Amérindiens et celle des   autorités   civiles canadiennes. Il pose les bases de la mission jésuite auCanada dont il est considéré, à juste titre, comme le fondateur.

Dès son arrivée,  il s'est attaché,  parsesRelations annuelles, véritable journal de ce qui se passe chaque année au Canada, à faire connaître à la métropole les difficultés et les réussites de la colonie, tant du point de vue religieux que du point de vue économique ou tout simplement humain. Ces informations, il les envoie sans relâche jusqu'à son départ du Canada. Et il continuera de France, comme procureur des Missions, à les rassembler et à les faire publier, afin de stimuler le zèle des bienfaiteurs,  des sympathisants,  des religieux et des colons dont le Canada a tant besoin .

C'est à  travers ces Relations que bien des futurs héros canadiens ont fait connaissance de la mission canadienne. Ainsi,  Mme de La Peltrie et Marie Guyart dite de l'Incarnation, fondatrices des Ursulines de Québec,  Paul de Chomedey de Maisonneuve, fondateur de Montréal, ont pris conscience de la tâche qui les attendait.

Un autre habitant de Vitry-le François s’est rendu au Canada au xviième siècle. Jean Guichard, dit Lasonde, n’est sans doute pas aussi célèbre que Paul Le Jeune, mais, grâce à son épouse,  Marguerite Gerbaut (Montréal, 1699) et à ses  dix enfants, le nom de Guichard est aujourd’hui bien connu au Canada.

SAÔNE-ET-LOIRE
Autun

L'empereur romain Auguste fonde la ville et lui donne son nom.  Ce qui nous permet aujourd'hui d'admirer les restes d'un théâtre romain (sud-est de la ville) et d'un temple dédié  à Janus(nord), ainsi que deux portes urbaines et maints trésors antiques conservés au Musée Lapidaire.

Cependant, la ville connaît un second âge d'or au Moyen Âge avec la  construction de la cathédrale Saint-Lazare. Au milieu de la vieille ville tortueuse et pavée,  cette admirable église romane,  mérite une longue visite. Outre le fait qu'un futur Canadien, Louis Balard,  y a été baptisé en 1649, son tympan sculpté est considéré  comme l'un des chefs-d'oeuvre de la sculpture romane, au même titre que les chapiteaux historiés de sa nef. Place du Champ de Mars, l'ancien collège des Jésuites (aujourd’hui transformé en lycée) rehausse la perspective. Philibert Noyrot y a peut-être découvert sa vocation canadienne, mais c'est au collège de Bourges qu'il a terminé ses études de théologie.

Après un premier séjour au Canada en 1626 où il est ulcéré par l'emprise des marchands protestants  sur la petite colonie canadienne, le père Noyrot obtient de Richelieu, en 1628,  que les protestants soient interdits de séjour au Canada. Mais, justice immanente ou ironie du sort, c'est à lui que le   Canada va désormais se dérober : sa première expédition, pour regagner les côtes canadiennes, est arraisonnée par les Anglais et il trouve la mort dans un naufrage qui met fin à la deuxième.

Après lui, nous trouvons encore d’ autres habitants d'Autun au Canada : Jeanne-Léonarde Genest qui épouse Noël Cardin à Trois-Rivières en 1669 puis se remarie avec Pierre Loiseau-Francoeur, Claude Miau, qui s'est marié à Chamblyen 1733, et le Sulpicien Robert-Michel Gay, missionnaire au Canada durant trente-quatre ans.

SAÔNE-ET-LOIRE
Collonge-la-Madeleine

Quelques maisons groupées autour d'un vieux clocher du xviiième siècle,  tel est le village de Collonge où  nous venons retrouver les traces de Louis d'Ailleboust de Coulonge et d’Argentenay, deuxième gouverneur de la Nouvelle-France. Sa famille possédait cette seigneurie. Lui-même donna plus tard le nom de Coulonge à  sa propriété québécoise.

Il y avait autrefois un château à Collonge-la-Madeleine : le château d'Allibout (déformation évidente d'Ailleboust). Mais ses ruines ont depuis longtemps disparu dans les ronces de la forêt voisine.  Pourtant,  les anciens du village racontent encore qu'ils ont vainement fouillé parmi ces vieilles pierres durant leur jeunesse à  la recherche d'un trésor qui (vérité ou légende?) y aurait été caché pendant la Révolution.

SAÔNE-ET-LOIRE
Paray-le-Monial

À l'extrémité de cette longue voie industrielle que constitue la Bourbince, Paray-le-Monialouvreune porte inespérée sur les collines herbeuses du Charolais, tandis que la rivière n'y est plus bordée que par les clochers de la basilique du Sacré-Coeur.

Clef des champs pour les touristes, ou clef du paradis pour les pèlerins ? L'oeil hésite des belles tours romanes aux verts sommets avoisinants.

Jean Bouillet de la Chassaigne a choisi l'évasion. Fils d'un avocat de Paray-le-Monial et seigneur de la terre de la Chassagne toute proche,  il a tenté l'aventure militaire.

En 1687,  il est au Canada à la tête d'une compagnie des troupes de la Marine. En 1699, il épouse la fille de Charles Le Moyne de Longueuil. Dès lors, il ne va plus quitter le pays. Grâce à l'appui de sa belle-famille, il sera tour à tour gouverneur des trois grandes villes canadiennes: Trois-Rivières, Québec et Montréal.

À  Paray-le-Monial,  latourSaint-Nicolas- reste de l'église paroissiale où  il fut probablement baptisé  -  et l'Hôtel de Ville de la Renaissance, où son père a exercé des fonctions publiques importantes, évoquent assez bien l'enfant du pays. Mais il faut surtout voir la basilique du Sacré-Coeur, construite au xiième sur le modèle de la géante abbatiale romane de Cluny (aujourd'hui ruinée) et qui a marqué pendant des siècles la vie de la ville de Paray-le-Monial.

Les nombreux Bouillet canadiens ne descendent pas directement de Jean, mais de son petit-neveu Claude qui a suivi sa trace au Canada en 1730, où il a eu quatre enfants.

YONNE
Ancy-le-Franc

Ancy-le-Franc est surtout connu pour son château Renaissance du milieu du XVIe siècle.  On peut visiter les appartements décorés dans le goût maniériste et la cour intérieure ornée de pilastres à l'italienne.

Mais, pour nous, Ancy-le-Franc est d'abord la ville natale de Louis d'Ailleboust de Coulonge et d’Argentenay, qui a passé sa jeunesse dans l'entourage du château, avant de venir s'installer au Canada avec sa femme, également native d'Ancy. En effet, Louis s'enthousiasme pour la cause canadienne et la conversion des Amérindiens. Sa femme et lui font donc partie de l'expédition de 1643 qui envoie des renforts à Ville-Marie, tout juste fondée l'année précédente. Louis est ingénieur militaire de son métier : il va très vite seconder habilement Paul de Chomedey de Maisonneuve et commencer la fortification de Montréal,  tandis que sa femme arrive à point pour aider Jeanne Mance.  Peu après, Paul de Chomedey de Maisonneuve confie la direction de Ville-Marieà Louis d'Ailleboust durant une absence de deux ans en France.  À son retour, Paul de Chomedey de Maisonneuve rapporte la nouvelle de la nomination de son suppléant au poste de gouverneur dela Nouvelle-France. Les habitants sont naturellement contents de voir l'un des leurs devenir le chef du pays. Pendant trois ans, Louis d'Ailleboust va donc diriger la Nouvelle-France avec compétence etune bonne connaissance des problèmes locaux : il tient les Iroquois à distance, veille à la sécurité des villes et à leur développement.  En 1651, il se retire dans sa propriété de Coulonge, près de Québec. Les nombreux d'Ailleboust du Canada sont les descendants d'une branche collatérale, c'est-à-dire celle du neveu de Louis qui était arrivé avec lui au Canada. Ces familles se retrouvent fréquemment à Ancy-le-Franc, pour commémorer leurs origines. Une plaque a également été posée en ville en l’honneur de Louis d’Ailleboust.

YONNE
Auxerre

Auxerre est l'une de ces villes qu'il faut d'abord regarder d'en bas : du pont Paul Bert ou de la rue Saint-Martin-lès-Saint-Marien qui longe la rive droite de l'Yonne. La ville s'étage sur la colline,  de l'autre côté de la rivière, déployant les chevets et les tours de ses nombreuses églises qui jaillissent de l'enchevêtrement des maisons.

Auxerre a été longtemps administrée par les moines et les évêques qui y ont implanté, outre les magnifiques églises,  ces précieux pieds de vignes dont la région s'enorgueillit.

Que dire de ces vins blancs de Saint-Bris ou de Chitry, de cesvins rouges et rosés d'Irancy ou de Coulange-la-Vineuse ? Sinon que plus d'un ancêtre canadien les a appréciés avant nous,  lorsqu'il venait se désaltérer dans les auberges du quartier commerçant de la Tour de l’Horloge.  Carla ville d'Auxerre a envoyé, à elle seule, plus d'une quinzaine de colons en Nouvelle-France.

On ne connaît pas la paroisse d'origine de l'horloger Joseph Chapuy, qui se marie à Québec en  1792,  nicellede François Colleret, dit Bourguignon, marié en 1718 ; pas plus que celle de Claude-Louis Lemaire, marié à Boucherville en 1686, ou de Nicolas Périllard, le taillandier (forgeron) qui n'eut pas moins de sept enfants.

Par contre, on connaît fort bien les colons de la paroisse Saint-Germain. Cet ancien quartier, premier noyau delaville d'Auxerre, s'est constitué très tôt autour de la vieille abbaye bénédictine. 

On vient y admirer aujourd'hui les célèbres fresques de sa crypte carolingienne (ixème siècle), son cloître et ses celliers qui rappellent la vocation vinicole des moines. Mais se souvient-on de ces quelques courageux qui sont partis au Canada : Thomas Douaire de Bondy, qui enterre savie de garçon à Québec en 1656 ; Nicolas Piot et Nicolas Huot qui convolent tous deux en justes noces en 1662 ; puis André de Chaume, également marié  à Québec en 1676 ; le soldat André  Guigné, dit Bourguignon, qui abandonne l'armée pour le mariage en 1757 et Joseph Chapuy parti chercher fortune au Canada et qui se marie à Québec en 1792 avec Marie-Anne Daniel.

Le sergent Antoine Beurnonville monte son ménage en 1732 à Montréal ;  il aura trois filles. Il est originaire de la paroisse Saint-Pierre en Vallée qu'il a sûrement vue   en chantier,  puisque l'église resta en construction durant deux siècles,  du xvième au xviiième siècle.  François Goyau,  habitant de Montréal en 1762, vient du quartier Saint-Martin, sur la rive droite,  au nord de la ville, et Germain Potin de la paroisse Saint-Eusèbe, dont l'église conserve une tour du xiième siècle. Mais, puisque avant tout, Auxerre est la   ville   du   clergé,  notons ces trois ecclésiastiques aventureux:  Anatolde Royer,  deuxième curé  de Beauport, Augustin Leblanc, Jésuite missionnaire chez les Abénaquis à partir de 1697, et, à tout seigneur tout honneur, Joseph-Pierre de La Chasse qui a été, durant plus de vingt ans, directeur du collège Jésuite de Québec, après avoir été supérieur des Missions.

YONNE
Montréal

Montréal, appelé Mons Regalis ou Mont Regius au Moyen – Âge et Mont-Serein pendant la Révolution,  a une origine fort ancienne.  Bâtie sur une colline dominant la vallée du Serein, affluent de l'Yonne, la cité se trouve proche du point de jonction de la Bourgogne, de la Champagne et de l'Île-de-France,   position stratégique qui explique son importance militaire depuis le plus haut Moyen Âge.

La tradition fait remonter le premier château de Montréal à sainte Clotilde, épouse du roi franc Clovis. Situé entre Avallon et Montbard, Montréal vit d'innombrables passages de troupes : après les Anglais qui l'occupent durant la guerre de Cent-Ans, les grandes revues militaires qu'y donnent Philippe le Bon et François Ier, Montréal, fidèle à Henri IV pendant les guerres de la Ligue, tomba aux mains des ligueurs et le château fut peu après démantelé sur ordre du roi.

Privé de ses tours, le château était en fort mauvais état à  la fin du xviiième siècle et fut rasé à la Révolution.  Son emplacement reste marqué par les bases des tours, les restes du mur d'enceinte,  le puits qui se trouvait dans la cour du château et,  bien sûr, la collégiale.  Dans le villages se trouvent   encore les vestiges importants de deux autres enceintes qui,  avec les défenses du château proprement dit, faisaient de Montréal un remarquable ensemble fortifié.  La partie ancienne du village (classée site historique), où  l'on pénètre enfranchissant la porte d'En-Bas,  est presque entièrement constituée de maisons des xivème - xvième siècles.

À défaut du château détruit, la collégiale domine toujours le village et un très beau panorama sur la vallée du Serein. On y arrive après avoir franchi la porte d'En-Haut, ancienne entrée fortifiée du château.  L'église, bâtie au milieu du xiième siècle, a trois nefs, un large transept et un choeur plat.  Elle a toute la simplicité  des églises cisterciennes. Les stalles, qui sont célèbres, sont l'oeuvre des frères Rigolley (1522). Il faut également voir dans la partie basse du village la chapelle du prieuré Saint-Bernard, un peu antérieure à la collégiale et qui contient une suite des tatues polychromes du xivème siècle représentant le Christ aux outrages, la Vierge, Sainte-Anne, et les douze Apôtres.

Montréal (Yonne), comme tous les Montréal de France est jumelé avec la métropole canadienne de Montréal à travers l’association des Montréal de France. Un érable planté dans le jardin de la mairie en 1992 commémore le 350è anniversaire de la fondation de Montréal (Canada).  Cette même année, tous les Montréal de France ont offert des arbres au Jardin botanique de Montréal (Canada). Tous ces arbres y ont été regroupés sous le nom de « forêt des Montréal de France ».