PARIS Ier
Saint-Germain-l'Auxerrois
L'église Saint-Germain-l'Auxerrois, qui devint la paroisse des rois de France lors de leur installation au Louvre, a été plusieurs fois modifiée et restaurée depuis le xiième siècle. Le choeur et le portail central sont du xiiième siècle ; le porche, la nef et le transept, du XVe siècle ; les chapelles et les portails latéraux, de la Renaissance.
Englobant Passy et Chaillot, Saint-Germain l'Auxerrois a été pendant longtemps l'une des paroisses les plus importantes de Paris. Samuel de Champlain s'y est marié en 1610, et Marc Lescarbot en 1619.
Saint-Germain-l'Auxerrois - Église Saint-Paul-Saint-Louis, lycée Charlemagne - Hôtel de Fieubet - Notre-Dame - Arènes de Lutèce - Couvent des Pères de la doctrine chrétienne - Le Val-de-Grâce - Port-Royal - Saint-Germain-des-Prés - Saint-Sulpice - Hôtel de la famille de Vaudreuil - Place du Canada - Le couvent des Récollets - La Salpêtrière - La Basilique du Sacré-Coeur - Fontainebleau - Provins - Vaux-le-Vicomte - Saint-Germain-en-Laye, Résidence royale - Versailles, Ville Royale en Ile-de-France - Bibliothèque municipale de Versailles
LouisHébert est né vers 1575, non loin de l'église, à l'emplacement du numéro 129 de la rue Saint-Honoré où l’on trouve aujourd’hui une plaque commémorative. Son père était apothicaire de Catherine de Médicis, à l'enseigne du Mortier d'Or. En 1590, sa nièce épousa Jean de Biencourt de Poutrincourt. C'est probablement ainsi que Louis Hébert en vint à s'intéresser aux premiers établissements français en Acadie. Après plusieurs séjours dans cette région, Hébert décida de s'installer à Québec avec sa femme et ses enfants. À une époque où la colonie était tout entière sous la dépendance des compagnies qui détenaient le monopole de la traite des fourrures, Louis Hébert prouva, en cultivant la terre, la richesse du sol canadien. L'image d'Épinal bucolique de ce premier agriculteur canadien est restée, dans toutes les mémoires, fraîche et simple comme l’étaient les ambitions de Louis Hébert.
PARIS IVème
Église Saint-Paul-Saint-Louis, lycée Charlemagne
À leur arrivée à Paris, en février 1639, Mme de La Peltrie et Marie de l'Incarnation furent hébergées dans une maison prêtée par M. de Meulles, rue Saint-Antoine. Cette maison était comprise dans l'enceinte du couvent des Grands Jésuites (actuel lycée Charlemagne) et abritée derrière l'église Saint-Louis (aujourd'hui Saint-Paul-Saint-Louis) où les deux fondatrices se rendaient chaque jour pour assister à la messe.
M. de Meulles était receveur des finances du roi à Orléans. Sa maison de Paris était donc vide. Il fallut la meubler, nettoyer et tapisser les pièces pour que Marie de l'Incarnation, Mme de La Peltrie et son fidèle ami, M. de Bernières de Louvigny (qui passait alors pour son mari), puissent y loger au plus vite. Les deux « Canadiennes » préféraient ce logement indépendant à l'asile qui leur était proposé chez les Ursulines de Paris. La clôture du couvent n'était pas compatible avec les nombreuses démarches qu'elles avaient à faire.
Cependant, M. de Bernières de Louvigny étant tombé malencontreusement malade dès son arrivée, Mme de La Peltrie continua à jouer son rôle d'épouse dévouée, tout en poursuivant les négociations avec les Ursulines et les Jésuites de Paris.
Il leur fallait, en effet, obtenir des appuis et des promesses de financement pour leur fondation, ainsi que la nomination d'une troisième Ursuline sans laquelle leur projet devenait irréalisable.
L'évêque de Paris ayant refusé de donner son consentement, Marie de l'Incarnation et Mme de La Peltrie se rendirent au mois de mars à Saint-Germain-en-Laye, pour voir la reine et la prier d'intervenir.
Anne d'Autriche, très favorable aux deux amies, promit son soutien. Cependant, le temps pressant, on se vit obligé de signer le contrat de la fondation canadienne, le 28 mars 1639.
C'est finalement une Ursuline de Dieppe qui se joignit aux deux fondatrices, au moment de l'embarquement.
L'Église Saint-Paul-Saint-Louis, alors Saint-Louis des Jésuites, est l'une des rares églises baroques de Paris.
Édifiée à partir de 1627 sur les plans des pères jésuites Martellange et Derand, selon le modèle de l'église du Gésu de Rome, elle était pratiquement achevée lors du séjour de nos visiteuses. Par la suite, l'église Saint-Louis prit le nom et la succession de l'église paroissiale Saint-Paul, aujourd'hui disparue.
Le lycée Charlemagne, quant à lui, s’appuie à l’est, sur l’enceinte de Philippe Auguste dont il reste d’importants fragments et deux tours mises en valeur par de récents travaux d’aménagement urbain.
PARIS IVème
Hôtel de Fieubet
Raymond Phélypeaux, secrétaire de la Chambre du roi et trésorier de l'Épargne en 1599, se fit construire un hôtel, quai des Célestins. C'était un bâtiment en fond de cour entre deux ailes comme celui que nous pouvons voir aujourd'hui.
Raymond Phélypeaux s'était marié en 1594 avec Claude Gobelin. Ils eurent sept enfants. Leur fille Anne épousa, en 1613, Henri de Buadede Frontenac, comte de Palluau. Ce dernier étant mort prématurément, la jeune veuve partagea bientôt son temps entre l'hôtel de son père, quai des Célestins, et ses propriétés de l'Indre.
Plus tard, son fils Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau, le futur gouverneur canadien, vécut ses premières années de mariage avec Anne de la Grange dans l'hôtel de son grand-père dont son oncle, Balthazar Phélypeaux, avait hérité en 1629. Ils y vécurent jusqu'en 1651, année de la naissance de leur fils héritier François-Louis qui fut baptisé à Saint-Sulpice. L'hôtel que connut le comte de Frontenac, quai des Célestins, a subi depuis son époque de notables modifications. Vendu en 1664 à Gaspard de Fieubet (dont il prit le nom), l'hôtel fut restructuré par l'architecte Jules Hardouin-Mansart (premier architecte du roi Louis XIV) qui conserva les lignes générales du bâtiment et la simplicité voulue de l'extérieur. L'intérieur, par contre, fut doté d'une somptueuse décoration (en partie due au peintre Le Sueur). L'hôtel n'a pris sa physionomie actuelle qu'au siècle dernier. Acquis par un riche original, il fut alors orné de nombreuses sculptures néo-Renaissance, d'un clocheton et d'une autre aile. Les projets d'embellissement prévoyaient même, alors, l'aménagement d'un canal souterrain reliant l'hôtel à la Seine. Les invités des soirs de fête auraient ainsi pu gagner le perron en gondole!
Ce plan grandiose ne vit pourtant jamais le jour. Le riche original ruiné vendit son hôtel. Le tunnel, le canal et les gondoles tombèrent à l'eau. L'hôtel est aujourd'hui le siège d'une école.
Face à l'hôtel de Fieubet, l’ancien logement du grand maître de l’artillerie de l’Arsenal qui abrite aujourd’hui la très riche bibliothèque de l’Arsenal évoque aussi la famille Frontenac. Mme de Frontenac y habita lorsque son mari fut parti au Canada. Elle y vivait, nous dit Saint-Simon “dans un bel appartement que feu le duc du Lude (alors grand maître de l’artillerie à l’Arsenal) qui était fort galant lui avait donné à l’Arsenal. Elle et Melle d'Outrelaize, qu'elle logeait avec elle, donnaient le ton à la meilleure compagnie de la ville et de la Cour sans jamais y aller". Les deux amies, que l'on appelait les «Divines» fréquentaient en particulier Mme de Sévigné qui les évoque dans sa correspondance.
Mme de Frontenac mourut en 1707 quelques années après son mari dont le cœur avait été rapporté en France et enseveli à l'Église Saint-Nicolas-des-Champs à Paris, (Hôtel de Fieubet : angle quai des Célestins, rue du Petit-Musc).
PARIS IVème
Notre-Dame
C'est à la fin de l'année 1640 ou au tout début de 1641 que se forma la Société Notre-Dame de Montréal, créée à l'instigation de Jérôme Le Royer de La Dauversière et grâce au concours de Jean-Jacques Olier, futur fondateur du séminaire de Saint-Sulpice.
Placés sous le vocable de Notre-Dame, les associés se réunissaient dans la cathédrale de Paris. C'est donc là, au pied de la statue de la Vierge (à droite du maître-autel) qu'ils choisirent, le 27 février 1642, le nom de Ville-Marie pour leur fondation canadienne de l'île de Montréal.
L'année suivante, en 1643, un opuscule parut à Paris, vraisemblablement rédigé en commun par les fondateurs de la Société. Ce petit ouvrage, intitulé Les véritables motifs des Messieurs et Dames de la Société Notre-Dame de Montréal pour la conversion des sauvages de Nouvelle-France, exposait leurs ambitions et la raison de leur association : il s'agissait pour eux de pourvoir à l'instruction, veiller à la santé et à la conversion des Amérindiens, en créant une école, une église et un Hôtel-Dieu (hôpital). Par ailleurs, les associés s'engageaient à créer et à faire vivre une ville, sans esprit de profit et sans aide extérieure. En fait, la Société avait déjà commencé son action depuis 1641, puisque, au mois de juin de cette année, elle avait pu fournir 75 000 livres au moment de l'embarquement des premiers colons conduits par Paul de Chomedey de Maisonneuve et Jeanne Mance.
C'est ainsi que le 17 mai de l'année suivante (1642), les quarante premiers citoyens de Montréal abordaient au pied du Mont-Royal.
Quant aux membres de la Société qui, durant les vingt premières années d'existence de leur fondation, la soutinrent seuls, sans le concours du roi, du clergé ou de l'administration canadienne, nous n'en connaissons que neuf, les autres ayant toujours tenu à conserver l'anonymat: ce sont Jérôme Le Royer de La Dauversière, Jean-Jacques Olier, Paul de Chomedey de Maisonneuve, Gaston de Renty, Mme de Bullion, Jeanne Mance, le père Chauvreau, Mlle de Ruigné et le baron de Fancamp.
Notre-Dame de Paris où fut choisi le nom de Ville-Marie peut donc être considérée comme le berceau spirituel de Montréal dont la fondation s'inscrit dans le grand mouvement de renouveau catholique qui a marqué le début du xviième siècle.
Notre-Dame, comme la plupart des sanctuaires chrétiens, est située sur l'emplacement d'un ancien temple romain qui lui-même avait succédé à un lieu de culte gaulois. Dans la première moitié du vième siècle, Childebert, fils de Clovis, fit élever à côté de la première église de Paris, Saint-Étienne, une magnifique église, dédiée à Notre-Dame. Au xiième siècle, ces deux églises tombaient en ruine. Maurice de Sully, évêque de Paris de 1160 à 1196, décida de remplacer ces deux bâtiments par une cathédrale dédiée elle aussi à Notre-Dame. La première pierre fut posée en 1163, mais la construction, qui s'étala sur plus de soixante-quinze ans, se déroula en trois étapes : sous Louis VII, construction du choeur, du maître-autel et des transepts ; sous Philippe-Auguste, la nef ; sous Saint-Louis, la façade et les tours.
Puis vint le tour de la décoration : le jubé (détruit au xviième siècle), les portails ; tout fut achevé sous Philippe VI, soit cent soixante-dix ans après le début des travaux.
Cependant, la cathédrale, endommagée au cours des siècles, puis mise en vente à la Révolution, était en fort piteux état au début du xixème siècle. Il fallut attendre le cri d'alarme de Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris pour qu'une souscription vienne réveiller l'opinion publique. En 1845, la cathédrale fut ainsi mise à la disposition de l’architecte Viollet-le-Duc. Celui-ci y travailla vingt-cinq ans au cours desquels il s'efforça de la reconstituer dans son état du xviiième siècle. Cette restauration, aujourd’hui très controversée pour son côté “plus vrai que nature”, a néanmoins permis à la cathédrale de parvenir jusqu'à nous.
PARIS Vème
Arènes de Lutèce
La rue du Cardinal-Lemoine se prolongeait autre fois sur l'emplacement des arènes de Lutèce dégagées au début du XXe siècle. Construites vers l'an 200 apr. J.C., mais détruites lors des invasions barbares de 280, ces dernières avaient servi de carrière aux habitants de Lutèce, et avaient peu à peu été recouvertes par une masse de terre de plus de vingt mètres d'épaisseur. Des vignes furent plantées au Moyen Âge, puis au xviième siècle, les jardins de deux couvents, Notre-Dame de Sion et Notre-Dame de la Congrégation, y furent aménagés.
C'est dans ce dernier couvent dont elle avait fait partie entant qu'externe à Troyes, et dont elle fonda une maison à Montréal, que Marguerite Bourgeoys descendait lorsqu'elle se rendait à Paris. Elle retrouvait ainsi l'ambiance de sa maison mère. Elle n'était pas non plus éloignée du couvent des Pères de la doctrine chrétienne où Paul de Chomedey de Maisonneuve était lui-même hébergé.
C'est donc là qu'elle habita en 1658, lorsqu'elle revint en France chercher de jeunes éducatrices pour sa congrégation canadienne, puis, en 1670, lorsqu'elle vint demander au roi de reconnaître officiellement une communauté qui, depuis dix ans avait déjà fait ses preuves au Canada.
Elle rencontra Colbert, favorablement renseigné parJean Talon sur le travail de celles que l'on appelait déjà à Québec “les filles de la Congrégation”. En mai 1671, elle obtint du roi ses lettres patentes. Elle fut à cette occasion chaudement félicitée pour son dévouement et son oeuvre d'enseignement et d'assistance qui s'était adaptée avec tact et compréhension aux besoins de la colonie grandissante.
Des bâtiments de Notre-Dame de la Congrégation, il ne reste plus aujourd'hui qu'une seule maison (rue Linné). Le quartier s'est complètement transformé à la fin du siècle dernier, lors du percement de la rue Monge, puis en 1917-1918, lors du dégagement et de la restauration des arènes de Lutèce.
PARIS Vème
Couvent des Pères de la doctrine chrétienne
L'îlot formé par les rues Rollin et du Cardinal-Lemoine était occupé au xviième siècle par le couvent des Pères de la doctrine chrétienne. Cette congrégation, fondée en 1592, comprenait un séminaire et avait pour vocation l'évangélisation des campagnes et l'instruction des enfants. Les Pères firent construire, de 1630 à 1650, rue du Cardinal-Lemoine, alors rue des Fossés Saint-Victor, un magnifique établissement où résidait le général de l'ordre; son jardin s'étendait jusqu'à l'actuelle rue Monge.
Les maisons des numéros 69 à 75 constituaient des immeubles de rapport pour les Pères de la doctrine chrétienne, qui avaient établi le siège de leur compagnie au numéro 77. Ces bâtiments furent démolis en 1792.
C'est au couvent des Pères de la doctrine chrétienne que Paul de Chomedey de Maisonneuve se retira en 1665, lorsque lui fut intimé l'ordre de rentrer en France. Il s'éteignit onze ans plus tard. Ses funérailles eurent lieu dans la chapelle des Pères, non loin de Saint-Étienne-du-Mont où il fut enterré. Ce n'est cependant pas dans les bâtiments de l'ordre que Paul de Chomedey de Maisonneuve rendit son dernier soupir - contrairement à ce qu'indique la plaque posée au numéro 73 de la rue du Cardinal-Lemoine – mais au numéro 7 de la rue Rollin, dans une maison qui appartenait au collège des Écossais, situé un peu plus bas dans la rue du Cardinal-Lemoine. Cette annexe du collège, qui avait été construit au début du xviième siècle, a gardé son aspect original.
Quant à l'église Saint-Étienne-du-Mont, la paroisse parisienne de Paul de Chomedey Maisonneuve dans laquelle il fut enseveli, elle n'a pas changé depuis cette époque, contrairement au reste du quartier profondément bouleversé par l'édification du Panthéon à la fin du xviiième siècle. Ainsi, l'église Sainte-Geneviève, qui se trouvait sur l'emplacement de l'actuelle rue Clovis, a été détruite. Son clocher et une partie des bâtiments conventuels subsistent dans le lycée Henri IV, alors que les jardins, qui s'étendaient sur le haut de la colline Sainte-Geneviève, sont aujourd'hui occupés par la place du Panthéon. L'église Saint-Étienne-du-Mont, légèrement décalée vers la gauche, au fond de la place, n'est donc plus dans son cadre initial. C'est cependant l'un des plus beaux monuments de Paris dont il convient, malgré sa situation discrète, d'envisager la visite. L'étalement de sa construction sur de nombreuses années (1492-1626) explique la diversité des styles de cet édifice dont l'intérieur appartient au style gothique flamboyant, alors que la façade Renaissance s'apparente déjà au baroque. De plus, Saint-Étienne-du-Mont est la seule église de Paris à avoir conservé son jubé, magnifique torsade de pierre Renaissance, construit de 1521 à 1545.
On accédait autrefois au petit cimetière Saint-Étienne, où fut enseveli Paul de Chomedey de Maisonneuve, par un portail de style dorique qui se trouve sur la côté gauche de l’église dans la rue Saint-Etienne-du-Mont.
PARIS VIe
Le Val-de-Grâce
Anne d'Autriche, mariée à l'âge de quatorze ans (1615) au jeune Louis XIII, fut bientôt délaissée par son époux. Déjà pieuse, la reine se tourna de plus en plus vers la religion.
En 1621, elle fit transférer le couvent des religieuses bénédictines du Val-de-Grâce de la Crèche de Bièvre, auquel elle s'intéressait déjà depuis quelques années, dans l'hôtel du Petit-Bourbon du faubourg Saint-Jacques. Elle se réserva alors quelques pièces dans ces bâtiments qu'elle fit, par la suite, agrandir tels que nous les voyons actuellement autour d’un cloître. Elle venait s'y recueillir dès que ses occupations de la cour le lui permettaient. Son salon et sa chambre, situés dans le pavillon de gauche, subsistent encore et peuvent être visités. Le sol dallé noir et blanc porte le monogramme de la reine. Son portrait sur lemur, copie de celui qui est conservé à Versailles, fait face au buste de son ennemi de toujours : Richelieu. C'est dans cette même pièce que, soupçonnée par Richelieu d'entretenir une correspondance secrète avec son frère Philippe IV d'Espagne, elle fut fouillée par le chancelier Séguier qui avait eu l'habileté de la prévenir.
Le Val-de-Grâce, tel qu'il se présente aujourd'hui, fut fondé par Anne d'Autriche en 1641, en action de grâces pour la naissance du Dauphin. Le 5 septembre 1638, après vingt-deux ans de stérilité, la reine mettait au monde un garçon, le futur Louis XIV. En signe de reconnaissance, elle décida de réaliser le voeu qu'elle avait fait de nombreuses années plus tôt : élever une église magnifique dédiée à la Vierge de la Crèche et à la Nativité.
Devenue régente après la mort de Richelieu (1642) et de LouisXIII (1643), Anne eut désormais les moyens de réaliser ce souhait. Elle confia l'élaboration des plans à François Mansart. La première pierre fut posée en 1645 par Louis XIV, alors âgé de sept ans. Plus tard, les travaux furent poursuivis par Lemercier, puis par Le Duc qui respectèrent les plans de Mansart. Les sculpteurs furent les frères Anguier. Philippe de Champaigne et son neveu travaillèrent à la décoration, mais c'est surtout Pierre Mignard qui attacha son nom à cette église en peignant, en 1663, la fresque monumentale de la coupole.
Avec sa façade à portiques superposés, sa nef en berceau flanquée de chapelles latérales à coupolettes, son maître-autel surmonté du groupe de la Nativité et son dôme, le Val-de-Grâce est une des rares églises de France à avoir été construite dans le plus pur style baroque. Elle est à ce titre considérée comme la plus romaine des églises de Paris.
Anne d'Autriche a joué un rôle prépondérant dans la politique religieuse des débuts de la Nouvelle-France. Rencontrant à deux reprises Marie de l'Incarnation et Mme de La Peltrie en mars 1639, elle les encouragea dans leur entreprise et intervint même personnellement auprès de l'évêque de Paris qui s'opposait au départ de l'une des Ursulines qui devait les accompagner.
Plus tard encore, elle intervint aussi, mais avec une plus grande liberté, puisqu'elle était alors régente, pour la nomination de François de Laval au vicariat apostolique de la Nouvelle-France, appuyant sa présence au Canada de toute son autorité par une lettre au gouverneur Pierre de Voyer d'Argenson.
PARIS VIème
Port-Royal
Les interminables luttes religieuses du xvième siècle, la mauvaise formation des ecclésiastiques dont les charges n'étaient bien souvent que des privilèges lucratifs, avaient eu pour contrecoup une montée de l'indifférence en matière religieuse.
Les croyants zélés s'inquiétèrent de ce phénomène et, sous l'influence de quelques chefs de file, on assista, durant tout le xviième siècle, à une véritable renaissance catholique, marquée par toutes sortes d'oeuvres pieuses, d'enseignement, de propagande, mais aussi d'assistance.
Vincent de Paul avec ses Filles de la Charité en 1633, puis son Oeuvre des Enfants Trouvés en 1638, avait fait de nombreux émules. Les fondations pieuses se multiplièrent. Après Bérulle, qui avait introduit en France la congrégation des Oratoriens, futurs rivaux des Jésuites, Jean-Jacques Olier, curé de Saint-Sulpice, fonda, en 1642, le séminaire de Saint-Sulpice, destiné à l'instruction des futurs prêtres. Ce mouvement atteignit également les laïcs qui éprouvèrent le besoin de se regrouper en compagnies de bienfaisance, comme Henri de Lévis, duc de Ventadour avec sa compagnie du Saint-Sacrement, ou Jean de Bernières de Louvigny à Caen avec son ermitage. Dans cette atmosphère tout empreinte de religion, on comprendra mieux l'extraordinaire engouement de la haute société française pour la mission canadienne et l'action de Mme de La Peltrie, de Marguerite Bourgeoys et de Paul de Chomedey de Maisonneuve.
Ces énergiques fondateurs furent encadrés dans leurs réalisations missionnaires par le soutien spirituel de dévots religieux et laïcs, tels Jérôme Le Royer de La Dauversière (de La Flèche), Jean-Jacques Olier (de Saint-Sulpice), Jean de Bernières de Louvigny (de Caen), ainsi que par la fameuse Société de Notre-Dame de Montréal pour le soutien de Ville-Marie, à laquelle appartenait Mme de Bullion, bienfaitrice de Jeanne Mance.
C'est dans cette ambiance toute vibrante d'enthousiasme et de dévouement que se situe l'action de Port-Royal. Cette abbaye féminine fondée en 1204 fut restaurée par la famille Arnaud, à la fin du xvième siècle. Angélique Arnaud en devint abbesse en 1602 et la réforma en 1609 selon les principes de rigueur et de prière de Saint-Bernard.
Cette réforme intelligente multiplia bientôt le nombre des religieuses, à tel point que les locaux situés dans la vallée de Chevreuse devinrent trop petits. L'abbaye fit alors l'acquisition d'une ancienne propriété entourée de jardins, faubourg Saint-Jacques. Parmi les membres de l'étonnante famille Arnaud, six filles se firent religieuses, tandis que deux fils, dont le fameux Antoine Arnaud (si brillamment défendu par Pascal dans les Provinciales), se retiraient à Port-Royal des Champs avec d'autres adeptes du recueillement. On les appela dès lors « les Solitaires de Port-Royal » ou « les Messieurs de Port-Royal ».
Parallèlement, les Petites Écoles de Port-Royal eurent bientôt un grand renom qui n'était pas sans inquiéter les Jésuites. Racine fut, parmi d'autres, l'un des grands élèves des messieurs de Port-Royal.
Ces deux maisons, dont la réputation de rigueur et de ferveur était déjà grande, furent initiées aux doctrines de Jansénius par leur abbé, M. de Saint-Cyran. Doctrine de la prédestination humaine, le jansénisme soutenait en particulier que l'homme, dégradé par le péché originel, ne devait son salut qu'à une grâce réservée par Dieu à ses élus de toute éternité, pour peu que ceux-ci fissent en sorte de la mériter. Une morale de vie était donc inséparable de cette doctrine : le Janséniste était d'une sévérité ascétique, vivant dans un climat d'austérité et de rigueur et n'acceptant aucun accommodement avec les exigences de la vie moderne. Lors de son séjour à Paris, en 1639, Marie de l'Incarnation eut l'occasion de rencontrer mère Agnès Arnaud, alors abbesse du couvent de Port-Royal. À la suite de ces conversations, Marie de l'Incarnation resta en correspondance avec la supérieure de Port-Royal qui s'intéressait de près aux Ursulines de Québec, auxquelles elle envoya des dons à plusieurs reprises. Quelques lettres de cette correspondance entre la grande Ursuline et la supérieure de Port-Royal ont été conservées. Elles ont été écrites par Marie de l'Incarnation de septembre 1641 à 1643. L'Ursuline y donne de précieux renseignements sur les Ursulines de Québec et le séminaire, sur les périls de la guerre iroquoise et remercie Port-Royal des dons faits à la fondation québécoise. ( 123-125, bd. de Port-Royal).
PARIS VIème
Saint-Germain-des-Prés
L'église Saint-Germain-des-Prés fut bâtie dans les prés voisins de Paris à la demande de saint Germain, évêque de Paris, pour abriter la croix de saint Vincent, prise à Saragosse par le roi mérovingien, ChildebertIer 1er, fils de Clovis.
L'église, consacrée en 558, était remarquable par la richesse de sa décoration. Tous les rois mérovingiens y furent ensevelis, ainsi que saint Germain lui-même dont l'église prit le nom lorsque sa dépouille fut placée sous le choeur au viiième siècle.
Cependant, l'église et l'abbaye qui s’était constituée autour d'elle, subirent à plusieurs reprises les pillages normands et durent être reconstruites vers l'an 1000. Devenus trop exigus au xiiième siècle, les bâtiments conventuels furent agrandis de 1239 à 1255 par Pierre de Montreuil, architecte de la Sainte-Chapelle. La chapelle de la Vierge, dont on voit encore quelques vestiges dans le square, situé à gauche de l'église, rue de l'Abbaye, et dont le portail a été remonté dans les jardins du Musée de Cluny, en étaient les joyaux. Les revenus de cette abbaye étaient très importants, car son domaine couvrait alors les actuels VIème et VIIème arrondissements. De plus, elle dépendait directement du pape. C'est pour cette dernière raison que Mgr de Laval y fut consacré évêque de Pétrée en 1658.
Le projet de doter la Nouvelle-France d'un évêché avait mis au jour un important problème politique. Les Jésuites, qui jouissaient au Canada d'une grande liberté d'action, voyaient avec inquiétude la création d'un nouvel évêché qui risquait de leur enlever une partie de leurs prérogatives. C'est pour quoi ils refusèrent le premier candidat proposé et lui préférèrent François de Laval, qui était l'un de leurs anciens élèves. Cependant, à Rome, le pape, qui avait peu à peu perdu toute autorité sur les Missions, car il lui fallait passer soit par l'intermédiaire des rois, soit par les supérieurs généraux des grands ordres missionnaires, craignait, en nommant un évêque jésuite, de donner une trop grande liberté à ces derniers. La création d'un nouvel évêché fut donc refusée. Rome proposa la nomination d'un simple vicaire apostolique qui mettrait ainsi l'Eglise et la mission canadienne (Jésuites inclus) sous la dépendance directe du Saint-Siège. Pour Mgr de Laval et les Jésuites, cette solution avait l'avantage de les soustraire à l'autorité de l'évêque de Rouen dont dépendait théoriquement l'église canadienne.
À l'annonce de cette nouvelle, l'Église de France afficha immédiatement une opposition très forte. Cependant, la reine mère, désireuse de voir ce nouvel évêque vivre en bons termes avec les Jésuites, appuyait la candidature de François de Laval. Les Jésuites tournèrent donc la difficulté en faisant procéder en secret à la consécration de Mgr de Laval dans une église exempte de la juridiction ecclésiastique du royaume, ce qui était le cas de Saint-Germain-des-Prés.
Le nonce du pape imposa les mains à François de Laval dans la chapelle de la Vierge de l'abbaye de Saint-Germain et le nomma évêque de Pétrée et vicaire apostolique de la Nouvelle-France.
Cependant, l'Église de France faisait entendre un concert de protestations, tandis que le parlement de Rouen interdisait au nouveau vicaire apostolique tout exercice de ses nouvelles fonctions. Dans ces conditions, Rome conseilla aux partisans de Mgr de Laval de chercher directement l'appui du jeune roi et de la reine mère qui avaient depuis le début soutenu sa candidature. Par une lettre patente du 27 mars 1659, Anne d'Autriche cassa l'arrêt du parlement de Rouen, puis, le 30 mars, écrivit au gouverneur de la Nouvelle-France, lui enjoignant de veiller à ce que le vicaire apostolique soit obéi dans toutes ses fonctions épiscopales.
Après avoir prêté serment de fidélité au roi, Mgr de Laval s'embarqua à La Rochelle le 13 avril 1659. Il ne s'était mêlé à aucune de ces tractations compliquées et partait conscient de la lourdeur de sa tâche.
Dans l'église Saint-Germain-des-Prés, une plaque, posée à droite du maître-autel, rappelle cette consécration de Mgr de Laval, épisode de haute politique, qui en dit long sur la puissance de la Compagnie de Jésus à cette époque.
Saint-Germain-des-Prés, construite en majeure partie entre l'an 990 et l'an 1014, est l'une des plus anciennes églises de Paris. Latour-clocher, la nef, les bas-côtés, les transepts et les souches des deux tours latérales encadrant le chœur datent de cette première période de construction. Au xiiième siècle, le nombre des moines desservant l'abbaye étant devenu trop grand, un nouveau choeur gothique voûté d'ogives fut construit. Il fut muni d'une galerie pour laquelle on utilisa comme remplois des colonnettes de marbre de l'église de Childebert (vième siècle). Ce sont donc les parties les plus anciennes de l'église.
Enfin, au xviièm siècle, on remplaça la voûte en bois de la nef par une voûte gothique, dans le style du choeur, et l'on édifia le porche en avant du portail, donnant dès lors à l'église sa physionomie actuelle au coeur d'un quartier dont elle a en partie conditionné le développement.
Après la dernière guerre, Saint-Germain des prés, devenu le quartier général des existentialistes, qui tenaient table dans les cafés voisins de Flore et des Deux Magots, a acquis la célébrité dans le monde entier. De l’autre côté du boulevard Saint-Germain, la place du Québec ornée d’une fontaine moderne qui semble sortir du sol, rappelle les liens profonds qui unissent Paris et Québec.
PARIS VIème
Saint-Sulpice
L'emplacement de l'actuelle place Saint-Sulpice était autrefois occupé par le séminaire Saint-Sulpice, créé en 1642 par l'abbé Jean-Jacques Olier, curé de Saint-Sulpice, a fin de fournir aux futurs prêtres une formation plus rigoureuse.
Cependant, alors qu'il envisageait la création de son séminaire, le jeune Jean-Jacques Olier participait de près à une autre fondation plus originale : celle de Ville-Marie, dans l'île de Montréal, au Canada.
Jean-Jacques Olier avait rencontré Jérôme Le Royer de La Dauversière à Meudon, en 1635. Ce dernier était alors à Paris, sur le conseil de son directeur spirituel de La Flèche, le père jésuite Chauvreau. Il devait rencontrer le père Lalemant, supérieur des missions canadiennes.
Les deux hommes s'aperçurent rapidement de leur communauté d'idées et de leur intérêt commun pour la cause des missions canadiennes. Ils décidèrent dons très vite d'oeuvrer ensemble pour la fondation de Montréal.
Jean-Jacques Olier voulut participer financièrement à l'entreprise, et, par la suite, ses nombreuses relations furent extrêmement précieuses pour la recherche de nouveaux collaborateurs. Néanmoins, plus de cinq ans allaient s'écouler avant que le projet ne puisse enfin se réaliser. L'île de Montréal était la possession de l'un des directeurs de la Compagnie des Cent-Associés, M. de Lauson, qui ne consentit à la céder qu'à la suite de l'intervention du père Lalemant.
L'abbé Olier et le père Lalemant avaient mis à profit ces années pour présenter Jérôme Le Royer de La Dauversière à des membres de la Compagnie du Saint- Sacrement qui, formée de laïcs militants, s'occupait, en secret, d'oeuvres sociales. Ils lui firent également rencontrer des personnes de haut rang qui s'intéressaient à son projet, mais tenaient à garder l'anonymat. C'est ainsi que pu se former la Société de Notre-Dame de Montréal. Celle-ci avait pour but la fondation dans l'île de Montréal d'une ville missionnaire consacrée à l'éducation et à la conversion des “sauvages” dans un idéal de vie, proche de celui des premiers chrétiens. C'est pourquoi M. Le Royer de La Dauversière procéda personnellement au choix des premiers colons de Montréal qui devaient constituer la base de cette ville catholique et missionnaire.
Cet élan d'enthousiasme devait influencer, au cours des générations, de nombreux parisiens qui allèrent s'établir au Canada. Parmi eux, citons, au xviième siècle: Louis Bolduc, Jacques Bernier, Guillaume Couillard, Henri-François Châteauneuf de Montel, Françoise Cousin, Catherine Crampon, Marie-Elisabeth et Hélène Damours, Fiacre Ducharme dit Lafontaine, Antoine Dandurand dit Marchaterre, Anne Deschamps, Jean-Etienne Dubreuil, Marie-Anne Guesdon, Nicolas Gatineau, Claude Jutras dit Lavallée, Jean-Baptiste Pilon dit Lafortune et Nicolas Sarrazin, René Ouellet marié à Québec en 1666 avec Anne Rivet, puis en 1679 avec Thérèse Vignault.
Au xviiième siècle, ce sont principalement des militaires qui se sont fixés au Canada comme: Charles Berthelot, Jean-Claude-Louis Baron, François Bussière, François Chevrier, Louis Crépin dit Larose, Nicolas-René Chevalier, Charles-Nicolas Duperron dit Sansregret et Jean-Baptiste Huberdeau dit Lafrance.
L'église actuelle de Saint-Sulpice fut commencée, peu de temps après la fondation du séminaire, par Jean-Jacques Olier. La première pierre en fut posée par Anne d'Autriche, en 1646. Cette nouvelle église devait remplacer une construction de 1211, devenue trop petite, par suite de la croissance du faubourg Saint-Germain.
Dirigés par l'architecte Christophe Gamard, puis poursuivis par Le Vau, les travaux durent être interrompus en 1678, faute de crédits. Ils ne reprirent que quarante ans plus tard et la nef ne fut finalement achevée qu'en 1736.
La façade fut dessinée par Servandoni, en 1733. C'est une oeuvre d'une grande pureté de ligne, composée de deux portiques superposés à l'antique. Les tours, initialement prévues, ne furent pas jugées réalisables. Un autre architecte reprit le projet. Celles qu'il éleva n'ayant pas plus emporté les suffrages, on chargea Chalgrin de les reconstruire. En 1777-78, il remplaça la tour nord, mais ne pût en faire autant pour la tour sud qui est restée inachevée.
C'est pour dégager son imposante façade que fut détruit (1802-1808) l'ancien séminaire Saint-Sulpice, construit par Jean-Jacques Olier. La place reçut alors sa forme rectangulaire. Elle fut achevée en 1838 et dotée, en 1844, de l'actuelle fontaine Visconti.
PARIS VIIème
Hôtel de la famille de Vaudreuil
Cet hôtel particulier, construit vers 1763, entra dans la famille Rigaud de Vaudreuil lorsque Jospeh-Hyacinthe François-de- Paule de Rigaud de Vaudreuil, descendant d'une branche aînée de celle de nos gouverneurs canadiens, l'acheta en 1783.
Joseph-Hyacinthe François-de-Paule de Rigaud de Vaudreuil était grand fauconnier du roi et ami du comte d'Artois, futur Charles X. Collectionneur, amateur d'art, il se passionnait aussi pour le théâtre et fut le protecteur de Beaumarchais, dont il fit représenter le Mariage de Figaro à la Comédie-Française.
Comme son cousin, Louis-Philippe de Rigaud de Vaudreuil, petit-fils du premier gouverneur canadien et neveu du second, qui, dans la nuit du 5 au 6 octobre 1789, se signala en protégeant la famille royale contre l'intrusion de la foule, François de Pauledut émigrer durant la Révolution et ne revint en France qu'après le retour de Louis XVIII.
Il n'avait pas conservé longtemps son hôtel de la rue de la Chaise, somptueusement décoré de tableaux d'Hubert Robert, de peintures de Boucher et de dessus de portes de VanLoo, Lemoine et Natoire. Il l'avait revendu, dès 1787, à la veuve de Phélypeaux, comte de Maurepas. Par la suite, l'hôtel devint la propriété d'Élisa Bonaparte, sœur aînée de Napoléon, princesse Bacchiochi dont il prit le nom, car le 7 rue de la Chaise, remis au goût du jour par sa propriétaire, fut pendant quelques années l'un des salons les plus courus de Paris.
Napoléon le racheta en 1808, pour y loger ses hôtes de marque.
PARIS VIIIème
Place du Canada
De l'autre côté de la Seine, au pied du Grand Palais, a été placé un buste de Jacques Cartier. Faut-il préciser que le regard du grand “découvreur” est orienté vers le fleuve.
PARIS Xème
Le couvent des Récollets
En 1604, Henri IV autorisa les Récollets à s'installer faubourg Saint-Martin. Ils y construisirent le monastère et la chapelle dont Marie de Médicis posa la première pierre. Ce couvent fournit, sous l'ancien régime, la plupart des aumôniers de marine.
C'est ainsi que les pères récollets furent parmi les premiers à poser le pied sur le sol canadien. En 1614, Samuel de Champlain, de retour en France pour faire au roi le rapport de ses activités, demanda, appuyé par Louis Houel secrétaire du Roi, l'aide des pères récollets. Quatre pères, tous issus de la maison parisienne du faubourg Saint-Martin, furent donc désignés pour l'accompagner au Canada. Les pères Le Caron, Jamet, Duplessis et Dolbeau, partis de Honfleur en avril, débarquèrent à Québec début juin. Le père Jamet allait devenir le premier supérieur de la mission canadienne, fondateur du séminaire de Québec en 1620. Le père Pacifique Duplessis se consacra, à Trois-Rivières, à l'éducation et à l'évangélisation des enfants. Il est considéré comme le premier maître d'école du pays. Le père Le Caron, quant à lui, fut le fondateur de la mission huronne.
De nouvelles recrues gagnèrent bientôt le Canada : le père Viel et le frère Sagard aidèrent le père Le Caron à constituer le premier dictionnaire de la langue huronne. On doit, en outre, à Gabriel Sagard, deux ouvrages très précieux sur les débuts de l'évangélisation canadienne : une Histoire du Canada et Le grand voyage au pays des Hurons.
En 1629, la capitulation, faisant du Canada une possession anglaise, mit un terme à l'oeuvre des Récollets qui se virent contraints de regagner la France. Ils devaient attendre quarante ans un retour en grâce qui leur permit de retrouver leur mission, et de redonner vie à leur séminaire canadien. Cette tâche incomba en 1669 au père Allart.
À Paris, les bâtiments du couvent des Récollets ont été intégrés dans l’hôpital Villemin. Aujourd’hui, l’hôpital a laissé place à un jardin, où l’on peut voir les vestiges du couvent (accès par la rue de Récollets, l’avenue de Verdun et le quai de Valmy).
PARIS XIIIème
La Salpêtrière
En avril 1656, Louis XIV signa un édit portant sur l'établissement d'un Hôpital Général qui serait chargé des trop nombreux mendiants de la capitale. L'hôpital devait comprendre plusieurs bâtiments : la Pitié pour les enfants, Bicêtre pour les hommes et, pour les femmes, à la Salpêtrière.
En 1662, l'institution comptait déjà plus de dix mille pensionnaires. Cependant, dès 1660, les travaux d'agrandissement de l'ancien arsenal de Paris avaient été commencés par Libéral Bruant. Ils furent poursuivis par Le Vau qui voyait les choses en grand, puisque la Salpêtrière devait alors couvrir le double de sa surface actuelle. Ces bâtiments, qui comprenaient un hospice et un hôpital pour femmes, nous intéressent particulièrement.
Bon nombre de « Filles du roi », ou filles à marier, envoyées au Canada dans les années 1665-1670, à la demande de Jean Talon, venaient en effet de ce grand hospice parisien. Les candidates, au départ, étaient dotées par le roi en vue de leur établissement au Canada.
En 1684, Louis XIV fit ajouter à la Salpêtrière tout un quartier indépendant de l'hospice : une maison de force pour prostituées et débauchées, avec un bâtiment pour filles détenues à la demande de leur mari ou de leurs parents, selon les méthodes expéditives de l'époque.
Le nom de la Salpêtrière, étendu à cette prison fâcheusement célèbre, que l'abbé Prévost immortalise dans Manon Lescaut, a favorisé une confusion entre les deux établissements bien distincts qu'étaient l'hospice des «Filles du roi» et la prison. La fameuse prison de Manon Lescaut n'existait pas encore à l'époque où les « Filles du roi », pauvres mais honnêtes, prirent le chemin du Canada. L'hôpital de la Salpêtrière évoque l'hôtel des Invalides dont Libéral Bruant dressa également les plans en 1671. On y retrouve la même façade majestueuse avec sa chapelle centrale, les mêmes cours intérieures et les mêmes jardins à la française. À la Salpêtrière, c'est Bruant lui-même qui fit élever le dôme octogonal surmonté d'un clocheton, tandis que l'on doit celui des Invalides à Jules Hardouin Mansart.
PARIS XVIIIème
La Basilique du Sacré-Coeur
Au sommet de la butte Montmartre, célèbre dans le monde entier pour ses artistes, sa place du Tertre, ses cabarets et sa vie nocturne, se dresse l'imposante basilique du Sacré-Cœur qui doit sa naissance à un des derniers grands mouvements de ferveur populaire de l'époque contemporaine.
Après le désastre de la guerre de 1870, le siège catastrophique de Paris et les malheurs de la Commune, les Parisiens décidèrent d'élever à Paris une église dédiée au Sacré-Coeur, témoignage d'expiation et d'espérance. Les travaux furent confiés à Paul Abadie, élève de Viollet-le-Duc, qui s'inspira largement des coupoles de la célèbre église Saint-Front-de-Périgueux. Le campanile, qui mesure plus de quatre-vingt mètres de haut, fut élevé par l'architecte Lucien Magne.
L'édifice fut consacré en 1919. En souvenir de la participation canadienne à la guerre de 1914-1918, une réplique de la statue de Notre-Dame du Cap fut placée dans la chapelle Saint Jean-Baptiste de la basilique.
La silhouette, longtemps décriée, du Sacré-Coeur s'est maintenant intégrée dans le décor parisien. C'est du parvis de la basilique et, si l'on a le courage d'y grimper, de la galerie du dôme, que l'on a la plus belle vue sur Paris et sa région. Du haut de la colline Montmartre, par temps clair, on jouit d'un panorama qui s'étend à plus de cinquante kilomètres à la ronde.
SEINE-ET-MARNE
Fontainebleau
Ancienne résidence de chasse, Fontainebleau fut de tous temps apprécié par les rois de France, mais c'est véritablement François Ier qui donna au palais son renom et son rayonnement, en le faisant reconstruire, à partir de 1527, dans le goût de la Renaissance. Il fit faire une partie des plans à Gilles Le Breton, architecte parisien, mais confia la décoration intérieure à des artistes italiens qui, sous la direction du Rosso d'abord, puis du Primatice, firent de Fontainebleau le centre d'une nouvelle forme d'inspiration artistique (première école de Fontainebleau).
Henri IV, à son tour, s'éprit du château et y fit faire d'énormes travaux : aménagement du parc et des pièces d'eau, cour des Princes, Jeu de Paume et galerie Diane. Le style de l'école de Fontainebleau, qui échappait de plus en plus, depuis Henri II, à l'influence italienne, s'enrichit, sous le règne d'Henri IV, d'apports flamands et septentrionaux, au cours d'une période souvent nommée la deuxième école de Fontainebleau.
Tel était le château de Fontainebleau lorsque Samuel de Champlain s'y rendit en 1614 pour exposer au roi l'état de sa fondation canadienne. Reçu dans le Cabinet du roi (Cabinet LouisXIII), décoré sous Henri IV par l'artiste flamand Ambroise Dubois, il put notamment admirer, parmi les peintures allégoriques du plafond, l'amour chevauchant un dauphin, thème exécuté pour commémorer la naissance du Dauphin, le futur Louis XIII. Préoccupé de l'avenir religieux du Canada, Samuel de Champlain sollicita et obtint l'envoi de quatre missionnaires récollets en Nouvelle-France. C'est encore à Fontainebleau, lors du même voyage, qu'il forma la Société des marchands de Rouen et de Saint-Malo ou Compagnie Champlain, qui s'engageait à soutenir l'entreprise canadienne durant onze ans.
SEINE-ET-MARNE
Provins
François Lenoir de Rouvray fut nommé par le roi gouverneur de Provins à son retour d'Amérique où il avait combattu pendant plus de vingt-cinq ans.
Né en 1743, il avait débuté sa carrière en entrant au régiment de la Sarre qui passait alors au Canada. Il participa donc à toute la campagne canadienne et y fut blessé à plusieurs reprises. Nommé capitaine en 1759, il fut finalement fait prisonnier et reçut, à son retour en France, la croix de Saint-Louis en récompense de ses faits d'armes.
En 1761, il est à nouveau fait prisonnier à Saint-Domingue. Nommé colonel d'infanterie, nous l'y trouvons de 1768 à 1778 où il participe en particulier à la campagne de Savannah, épisode célèbre de la guerre d'Indépendance américaine.
Provins, dont il fut surtout gouverneur honoraire, avant de devenir député de Saint-Domingue aux États Généraux de 1789, est une des villes les plus pittoresques de la région parisienne. Elle est formée d'une haute-ville médiévale entourée de remparts et d'une ville-basse commerçante qui s'est constituée autour des abbayes installées au pied des remparts.
Au xème siècle, Provins était l'une des villes les plus puissantes du royaume. Les comtes de Vermandois et de Champagne en accrurent la prospérité en créant des foires qui, deux fois par an, accueillaient les marchands de toute l'Europe. La plupart des grandes villes se faisaient alors représenter à Provins qui battait sa monnaie et avait ses propres mesures.
Cependant, le renforcement du pouvoir royal et la dislocation du régime féodal amorcent le déclin de la ville dont la guerre de Cent-Ans achève la décadence. Les industries disparaissent, la cité se fige au milieu des vestiges de son passé: remparts, porte Saint-Jean, Grange aux Dîmes, donjon, collégiale Saint-Quiriace et maisons anciennes pour la ville-haute; Saint-Ayoul, Sainte-Croix et hôpital général du xiiième siècle avec son cloître pour la ville-basse. Autant de souvenirs du rayonnement et de l'activité de cette cité médiévale. Surnommée; « la cité des roses », la ville de Provins invite les visiteurs à parcourir, au mois de juin, ses roseraies et pépinières et à assister à ses fêtes médiévales.
SEINE-ET-MARNE
Vaux-le-Vicomte
Nicolas Fouquet était né en 1615 dans une famille de riches magistrats. Sous la direction de Mazarin, il connut une ascension rapide qui l'amena en 1659 à la tête des finances de l'État. Surintendant des Finances, il s'enrichit considérablement, sans toujours bien distinguer sa caisse personnelle de celle de l'État. Sa réussite foudroyante l'exposait aux envieux. N'encourait-il pas ainsi la haine de ses ennemis, parmi lesquels se rangeait Colbert ?
En 1641, Fouquet avait acquis le domaine de Vaux, non loin de la demeure royale de Fontainebleau. Il voulut y faire édifier un château digne de sa devise: « quo non ascendet? » (Jusqu’où ne montera-t-il pas?). Il s'attacha en l'occurrence les services de trois artistes : l'architecte Le Vau, le peintre Le Brun et le jardinier Le Nôtre, qui créa ici le premier de ses grands jardins classiques. Les travaux, réalisés de 1656 à 1661, furent menés rondement. Considérables, ils engloutirent une fortune. Fouquet alla même jusqu'à créer, non loin du chantier, à Maincy, une manufacture pour les tapisseries destinées au château. Dès lors, Fouquet donna à Vaux des fêtes somptueuses qui dépassaient en magnificence tout ce qui avait été fait jusque là. Soupers dans une vaisselle d'or, services dirigés par Vatel, divertissements, ballets sur l’eau, représentations de pièces de Molière, feux d'artifices, etc. Autant de festivités et de splendeurs chantées par La Fontaine et Mlle de Scudéry.
Ces fêtes merveilleuses - la dernière surtout, donnée en l'honneur du roi en 1661 - frappèrent les imaginations. Fouquet fut, en effet, arrêté quinze jours plus tard et l'on a souvent interprété cette arrestation comme une marque de dépit du roi d'avoir été ainsi surpassé par l'un de ses grands commis.
Toujours est-il que Louis XIV n'eut de cesse d'imiter le style de celui qui avait pu, un instant, se poser en rival. Il reprit à son service les artistes employés par Fouquet et s'inspira de Vaux-le-Vicomte pour la conception générale du palais de Versailles. Il réemploya du reste, dans le parc, des statues provenant de Vaux. Quant à la manufacture de Vaux, elle allait devenir celle des Gobelins. Ainsi, le château de Vaux apparaît comme une avant-première de tout ce qui sera le style Louis XIV : premier jardin à la française de Le Nôtre, premiers grands décors de Le Brun. Autant de réalisations qui serviront de modèle à Versailles et qui seront, par la suite, imitées dans toute l'Europe.
Ce fastueux intendant, qui inspira si fort le roi Soleil, intéresse également l'histoire canadienne, car sa mère, Mme Fouquet, fut l'une des premières dames de la cour avec laquelle Mme de La Peltrie et Marie de l'Incarnation nouèrent des relations d'amitié lors de leur passage à Paris, en 1639. C'est par l'intermédiaire de M. de Bernières de Louvigny, qui s'était fait le procureur des Ursulines de Québec, que cette grande dame put envoyer des dons à l'oeuvre canadienne.
YVELINES
Saint-Germain-en-Laye, Résidence royale
Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau, deux fois gouverneur de la Nouvelle-France, de 1672 à 1682 et de 1689 à 1698, est né à Saint-Germain-en-Laye en 1622. Petit-fils du maître d'hôtel du roi Henri IV, il est lui- même filleul de Louis XIII, en 1623 (son acte de baptême est conservé aux Archives municipales de Saint-Germain-en-Laye et une plaque rappelle son souvenir sur le mur du Château-Vieux).
Le comte de Frontenac est un personnage qui ne sort pas pâli d'un trop long séjour dans nos livres d'histoire. Avec son caractère violent et dominateur, son autoritarisme, son goût du prestige et de la grandeur, c'est un personnage haut en couleur, dont la vitalité nous touche et dont les querelles divisent encore les historiens en « pour » et en « contre » Frontenac.
Le comte de Frontenac n'en est pas moins ce que l'on peut appeler un homme providentiel. Formé à l'école de l'Europe, il sait néanmoins, d'emblée, apprécier la richesse et les possibilités d'un pays neuf et encore inexploré. Aussi doit-on voir en lui, avant tout, l'homme de l'expansion ; il suffit d’énumérer les grands explorateurs qui acquirent leurs titres de gloire sous son mandat et sur ses encouragements. Louis Jolliet et Jacques Marquette gagnent l'Ohio, les Grands Lacs, l'Illinois, et découvrent en fin le Mississipi que René-Robert Cavelier de La Salle remonte jusqu'à son embouchure. Daniel Greysolon Dulhut gagne le lac Supérieur et les pays Sioux ; Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseilliers explorent la baie d’Hudson. Tous envoyés aux quatre coins du pays sur la propre initiative du comte de Frontenac que la cour de France ne soutient pas dans cette voie.
Par la suite, lorsque la Nouvelle-France est en danger, il sait mobiliser les hommes, redonner courage aux Canadiens menacés par l'attaque anglaise. Oubliant ses classes européennes, il reconnaît rapidement la supériorité des méthodes de combat locales et fait appliquer avec succès par ses troupes le principe de la guérilla. D'une phrase qui caractérise son dynamisme, il remonte le courage de tous, lors du siège de Québec par Phips en 1690 : « Je n'ai point de réponse à faire à votre général », dit-il, lorsqu'un émissaire lui demande de se rendre, « que par la bouche de mes canons ». Les Anglais, désarçonnés par l'ardeur et la résistance des assiégés, sont repoussés en quinze jours.
Frontenac est, à l'origine, un homme de cour, élevé dans l'entourage royal à Saint-Germain-en-Laye, habitué au faste et au décorum du château royal. Il n'en tombe pas moins immédiatement sous le charme du Canada. Le site de Québec lui arrache ce commentaire enthousiaste : « Rien ne m'a paru si beau et si magnifique que la situation de Québec ».
Saint-Germain est intimement lié à l'histoire des rois de France qui, depuis les premiers Capétiens, y établirent un monastère consacré à saint Germain et placé le long d'un chemin fraîchement coupé, la « Laye ». Louis VI le Gros fait bâtir le premier château fortifié, en 1122, pour défendre l'ouest de Paris. Saint-Louis y fait élever la Sainte-Chapelle, oeuvre attribuée l'architecte Pierre de Montreuil (1230-1238). Construite dix ans avant celle de Paris, elle est considérée comme l'un des chefs-d'oeuvre de l'art gothique. Le décordes clefs de voûte est particulièrement intéressant : il représente, sculpté en ronde-bosse, les têtes des membres de la famille royale, seuls portraits contemporains de Saint Louis encore existants. C'est dans ce cadre grandiose que Frontenac est baptisé en présence de Louis XIII, son parrain. La Sainte-Chapelle échappa seule aux destructions de la guerre de Cent-Ans. Après les guerres, le château, reconstruit sous Charles V, fut aménagé dans le style de la Renaissance par Pierre de Chambiges, architecte de François Ier (1539-1543). Henri II fit construire, quelques années plus tard, le Château-Neuf dont il ne reste plus aujourd'hui que le pavillon Henri IV. Henri IV fit lui-même agrandir le château et installer de magnifiques terrasses qui descendaient jusqu'à la Seine. Louis XIV habita Saint-Germain, jusqu’à son installation définitive à Versailles. Il aménagea le Château-Vieux et fit réaliser par Le Nôtre les terrasses que nous voyons aujourd'hui (1669-1673). Après le départ de la cour en 1682, la vieille demeure fut mise à la disposition de Jacques II d'Angleterre, le roi banni.
En 1777, le comte d'Artois fit démolir le Château-Neuf, mais n'eut pas l'argent nécessaire pour en réédifier un nouveau. Pendant la Révolution, le château servit de prison et son terrain fut loti. Le château connut alors diverses vicissitudes, avant d'être entièrement restauré sousNapoléon III qui voulait en faire un musée gallo-romain. C'est l'origine de l'actuel musée des Antiquités Nationales dont les collections couvrent la période allant de la préhistoire à l'époque mérovingienne et présentent l'exceptionnelle Vénus de Brassempouy, la plus ancienne représentation connue du visage humain.
Le château a été victime des restaurations abusives du xixème siècle. On distingue cependant fort bien les différentes périodes de sa construction. Le donjon Charles V (nord-ouest) et les étages inférieurs avec leurs mâchicoulis et les anciennes meurtrières, transformées en fenêtres étroites, évoquent l'ancienne forteresse. Les étages plus élevés, flanqués de tourelles, la terrasse du premier étage, les toitures à l'italiennes ornées de balustres et la loggia en saillie de la façade nord sont des réalisations de la Renaissance. Le pavillon Henri IV, seul vestige du Château-Neuf où le comte de Frontenac passa son enfance, a été restauré il y a quelques années. Il abrite un des plus grands hôtels de la ville. L’ancien oratoire de Louis XIII où fut ondoyé Louis XIV est devenu le salon historique du Pavillon Henri IV. C'est dans ce bâtiment que Marie de l'Incarnation et Mme de La Peltrie rendirent visite à la reine, en mars 1639. Anne d'Autriche les encouragea dans leur entreprise, promit son aide et leur présenta, dans son berceau, l'enfant royal pour la naissance duquel toute la France avait prié pendant des années.
YVELINES
Versailles, Ville Royale en Ile-de-France
Après la visite du château où l'on pourra évoquer tout à loisir les fastes de la cour du roi Soleil et de ses successeurs dont les conceptions politiques firent le sort du Canada, on gagnera la bibliothèque municipale qui occupe les anciens bâtiments du ministère des Affaires étrangères.
Bibliothèque municipale de Versailles
(5, rue de l'Indépendance américaine). Les bâtiments de l'ancien ministère des affaires étrangères, aujourd'hui bibliothèque municipale de Versailles, ont été construits par Berthier en 1761. C'est donc ici que se régla le sort du Canada à la fin de la guerre de Sept Ans et que furent préparées les clauses du traité de Paris (1763). Le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères puis de la Guerre était alors Choiseul. Tandis qu'il traçait les grandes lignes de ce que serait la politique de la France vis-à-vis de l'Angleterre et de la colonie canadienne, il reçut ici les lettres et les pétitions des diverses chambres de commerce françaises qui s'opposaient à la cession du Canada aux Anglais, en faisant valoir l'importance économique de la colonie pour la France. En s'engageant comme colon au Canada en 1758, Henri Martinet dit Bonami, natif de Versailles, ne se doutait, certes pas du sort que devait connaître son pays d'adoption.
La bibliothèque, installée dès son origine dans les locaux du ministère (les armoires grillagées contenaient autrefois les archives) et complétée, à la Révolution, par les bibliothèques du roi, de Marie-Antoinette et de Mme du Barry, compte donc un grand nombre de pièces originales et précieuses, ainsi que de nombreux documents concernant la guerre de l'Indépendance américaine. C'est en effet ici que fut préparé le traité de Versailles (1783) qui mettait fin à la guerre d’Indépendance américaine.
Cette élégante bibliothèque, dont les boiseries claires et les dessus de porte représentant les capitale de l'Europe ont la grâce du siècle de Louis XV, abrite également de curieux spécimens provenant du cabinet d'ethnographie du roi. Dans ce cabinet étaient réunies des pièces évoquant la vie des indigènes et de la faune des contrées lointaines, envoyées par les colonies dans un but documentaire ou instructif au roi lui- même ou aux enfants royaux.
À la Révolution, la bibliothèque de Versailles recueillit quelques bribes de cette collection dispersée dont on imagine l'intérêt et la richesse. Y sont ainsi conservés un kayak esquimau en peau de phoque du xviiième siècle et une statuette de la même époque représentant un Indien d'Amérique du Nordassis. Une autre pièce rarissime est conservée à la bibliothèque. Il s'agit de la fameuse “reliure aux peaux-rouges” dont il n'existe, dit-on, que deux exemplaires au monde. Cette reliure fut réalisée vers 1551, probablement à la suite des voyages de Jacques Cartier. Elle est ornée de têtes d'Indiens ornées de plumes et de guirlandes de fleurs et de fruits dans le goût de la Renaissance. Ses couleurs chatoyantes et patinées, ainsi que la délicatesse du tracé, enchanteront les amateurs.